Jacques Chirac a choisi de partir

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Administrator User , modifié à
Jacques Chirac a mis fin au suspense dimanche soir. Le chef de l'Etat a annoncé, lors d'une allocution officielle diffusée à la télévision et à la radio, qu'il ne se présenterait pas à l'élection présidentielle. "Je ne solliciterai pas vos suffrages pour un nouveau mandat". Il entend désormais servir la France autrement. Dans son message long d'une dizaine de minutes, Jacques Chirac a dit son "émotion" de s'adresser ainsi aux Français. "La France, mes chers compatriotes, je l'aime passionnément. J'ai mis tout mon coeur, toute mon énergie, toute ma force à son service, à votre service. Servir la France, servir la paix, c'est l'engagement de toute ma vie".

"Au terme du mandat que vous m'avez confié, le moment sera venu pour moi de vous servir autrement. Je ne solliciterai pas vos suffrages pour un nouveau mandat", a déclaré Jacques Chirac lors d'une allocution radio-télévisée. Le chef de l'Etat a dévoilé ses intentions dimanche soir : il ne briguera donc pas un troisième mandat de président de la République, après douze ans passés à l'Elysée. Désormais, il servira la France "autrement". Une intervention qui était très attendue à six semaines du premier tour du scrutin présidentiel. Toutefois, le chef de l'Etat s'est abstenu de soutenir le moindre candidat qui prétend à sa succession. "J'aurai l'occasion d'exprimer mes choix personnels", a-t-il simplement dit. Jacques Chirac s'est laissé aller à une émotion inhabituelle en disant son amour de la France et des Français. "Pas un instant, vous n'avez cessé d'habiter mon coeur et mon esprit. Pas une minute, je n'ai cessé d'agir pour servir cette France magnifique. Cette France, que j'aime autant que je vous aime", a-t-il dit peu avant de conclure. "Servir la France, servir la paix, c'est l'engagement de toute ma vie", a-t-il assuré. Jacques Chirac s'est dit disposé à servir son pays "d'une manière différente, mais avec un enthousiasme intact et la même passion d'agir pour vous, (...) pour la justice, pour le progrès, pour la paix, pour la grandeur de la France". A l'image de ses voeux, où il avait distillé réflexions et conseils à l'adresse des futurs dirigeants, Jacques Chirac a fait partager plusieurs de ses inquiétudes, à commencer par la tentation de l'extrémisme. "Ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre. Dans notre Histoire, l'extrémisme a déjà failli nous conduire à l'abîme. C'est un poison. Il divise. Il pervertit, il détruit", a lancé le président, qui fut élu en 2002 avec plus de 82% des voix face au président du Front national, Jean-Marie Le Pen. "Tout dans l'âme de la France dit non à l'extrémisme", a-t-il insisté, appelant ses compatriotes à se battre pour l'"unité" et la "cohésion", chez eux et dans le monde. "Face au risque d'un choc des civilisations, face à la montée des extrémismes notamment religieux, la France doit défendre la tolérance, le dialogue et le respect entre les hommes et entre les cultures", a-t-il souligné. Plaidant pour le "développement pour tous", Jacques Chirac a, par ailleurs, invité les Français à prendre en considération la "révolution écologique qui s'engage". "Avec sa recherche, avec ses entreprises, avec son agriculture, avec l'avance qu'elle a prise dans le nucléaire et les choix résolus qu'elle a faits dans les énergies renouvelables, la France a tous les atouts pour relever ce défi majeur du XXIe siècle", a-t-il assuré. Le chef de l'Etat est revenu sur l'un des principaux échecs de son second mandat : le "non" des Français au traité constitutionnel européen lors du référendum du 29 mai 2005. "Il est vital de poursuivre la construction européenne. Les nationalismes qui ont fait tant de mal à notre continent peuvent renaître à tout moment", a rappelé Jacques Chirac. "Et ce n'est pas seuls que nous ferons face aux bouleversements économiques du monde". Le tout dernier rendez-vous européen de Jacques Chirac aura lieu les 24 et 25 mars à Berlin, à l'occasion des cérémonies marquant le cinquantenaire du Traité de Rome.