"On a résolu un problème. Point. Y'a pas à théoriser sur une nouvelle organisation de la diplomatie française. On les a fait sortir et c'est ça qui compte", a expliqué sans détour Nicolas Sarkozy mardi matin. Le chef de l'Etat a pris la parole lors d'un point presse à l'Elysée après la libération des infirmières bulgares. Quelques pas en retrait sur l'estrade, bras croisés, se tenaient François Fillon, le Premier ministre, et Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères. Un chef d'Etat omniprésent et des ministres muets, des propos qui tranchent avec le ton d'ordinaire policé des diplomates : cela semble être le nouveau visage de la diplomatie, version Nicolas Sarkozy. Déjà en première ligne sur tous les dossiers nationaux, déjà accusé d'hyperactivité, Nicolas Sarkozy est attendu en personne mercredi en Libye. Pour cette visite officielle, il sera accompagné cette fois de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Une image finalement plutôt insolite, Cécilia Sarkozy ayant occupé ces derniers jours les premiers rôles sur le tarmac de Tripoli. La présence dans ces négociations de la première dame de France, qui ne possède pas un statut d'élu, suscite d'ailleurs la polémique. C'est la première fois qu'un président français envoie ainsi son épouse sur une mission aussi délicate et qui plus est à l'étranger. Pour Nicolas Sarkozy, la justification est simple : "il s'agissait de femmes, il s'agissait d'un problème humanitaire et j'ai pensé que Cécilia pouvait mener une action utile". Le PS et le PCF ont eux demandé que le rôle et la responsabilité de chacun soient plus clairement définis. Le député Vert Noël Mamère s'est lui agacé du fait que le président transforme Cécilia Sarkozy en "ministre des Affaires étrangères de substitution." Alors que la majorité a applaudi, l'opposition, contrainte de s'incliner devant le résultat, a elle contesté la manière et reproche au chef de l'Etat d'avoir "récupéré" les efforts effectués avant par l'Union européenne. "Nicolas Sarkozy adopte la stratégie du coucou, cet oiseau qui fait ses oeufs dans le nid des autres", déclarait ainsi l'ancien ministre socialiste Pierre Moscovici. "C'est un peu de la politique spectacle, du show. On essaye de récupérer ce que les autres ont fait. Car dans ce dossier, ce sont les Britanniques qui ont été en pointe en 2005, puis les Allemands en 2007, sans parler de l'Union européenne." Pour contrer de tels arguments, Nicolas Sarkozy s'est efforcé de corriger l'impression laissée par la première visite de Cécilia Sarkozy en Libye le 12 juillet, dont il n'avait pas informé à l'avance les dirigeants européens. Il a ainsi pris soin d'associer l'UE à ce succès et multiplié les hommages à Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne aux Relations extérieures, qui était cette fois du voyage, et au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avec qui il a dit avoir travaillé "main dans la main".