Hollande déjà obnubilé par la "normalité" en 87

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Hélène Favier , modifié à
Dans un ouvrage des années 80, il louait déjà la normalité et l’authenticité...

En 1987, François Hollande est un jeune conseiller municipal d’Ussel, en Corrèze. A Paris, il gravite à Solférino, au siège du Parti socialiste, où il fait partie de l'équipe d'experts dont s'entoure Lionel Jospin après la défaite des législatives de 1986. Il croise alors régulièrement André Bercoff, écrivain politique habitué des pseudos (Caton, Catherine Médicis ) et des coups médiatiques. L’écrivain-éditorialiste est, à l’époque, en train d’écrire Qui choisir, Comment acheter votre prochain président de la République sans risque, et accepte que François Hollande y participe. A une condition : son nom ne sera pas cité.

"Le seul nègre que j’ai eu dans ma vie, c’est François Hollande", ironise aujourd’hui André Bercoff quand il évoque cette collaboration. Dans ce livre, "je peux vous dire que le chapitre Rocard et le chapitre Delors ont entièrement été écrits par François Hollande", révélait-il, le 2 février dans l’émission Des cliques et des claques, sur Europe 1.

25 ans après leur publication, la relecture de ces deux chapitres écrits par Hollande est une mine d’or. S’y dessine, en creux, le candidat à la présidentielle qu’il est aujourd’hui. Tous les marqueurs forts sont déjà là : "normalité", "lenteur à la prise de décision", "authenticité".

 

Déjà obnubilé par la "normalité" 

C’est surtout dans le chapitre consacré à Jacques Delors, que François Hollande se révèle le plus. A quelques mois de la présidentielle de 1988, Delors, ténor du parti, est alors l’une des figures les plus "centristes" du PS, un personnage à qui François Hollande voue une estime sans bornes.

Au détour de quelques phrases, en parlant de Delors, le lecteur peut ainsi avoir la curieuse impression que Hollande ne parle, en fait, que de lui-même, notamment lorsqu’il défend "la normalité" d’un Jacques Delors "prototype de taille moyenne auquel les Français peuvent s’identifier facilement".

Celui qui aujourd’hui se définit lui-même comme un "candidat normal", un "président normal" dans une campagne "normale" insiste alors sur les bénéfices de cette "normalité" : "les produits qui ne paient pas de mine sont souvent les meilleurs détergents".

La lenteur de décision, une qualité

François Hollande se montre ensuite particulièrement soucieux de défendre l’indécision de Delors. Or la lenteur dans la prise de décision est un défaut dont François Hollande est souvent affublé. Durant la primaire, ce fût l’un des reproches favoris des autres candidats socialistes. "Le point faible de François Hollande, c'est l'inaction", raillait ainsi Ségolène Royal. On se souvient aussi de l’UMP et du ministre Laurent Wauquiez fustigeant "l'indécision de Hollande", "tournant, selon lui, au capharnaüm".

L’indécision est une qualité, semblait déjà lui répondre, en 1987, François Hollande lorsqu’il écrivait : "L’indécision apparente de Jacques Delors n’est là que pour servir sa rigueur ; il ne s’engage que lorsqu’il est sûr".

Par conséquent, "le citoyen-consommateur a entre les mains un produit qui ne s’engage jamais au hasard sur des pistes aventureuse", ajoutait, à l’époque, François Hollande avant d’enfoncer le clou : "Les hommes sans cynisme sont souvent plus longs que d’autres à trouver les chemins de l’intérêt général, dès lors qu’ils ne se confondent pas avec leurs propres chemins".

 

Le centre gauche…

 

François Hollande défendait également, dans Qui choisir, une posture qu’il tient également aujourd’hui : celle d’un socialisme réaliste. Il vantait ainsi ces politiques  qui ont "toujours plaidé pour l’adaptation à la contrainte extérieure et n’ont jamais cédé à l’illusion lyrique, pas plus qu’à l’ardeur des néophytes en socialisme".

Enfin s’il fallait, de tout l’ouvrage, ne retenir qu’une seule phrase écrite en 1987 par François Hollande, ce serait celle-ci :  "Après tout, nul n’est obligé d’être Président. Heureusement".