Guilvinec: les pêcheurs votent la reprise du travail

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les marins-pêcheurs du Guilvinec (Finistère), à l'origine du mouvement de protestation contre l'envolée des prix du gazole, ont voté ce jeudi matin la reprise du travail au cours d'une assemblée générale. Mais la fin du conflit n'apaise pas leurs craintes sur l'avenir de leur métier.

"C'est une première victoire! Il faudra voir dans trois mois. La victoire sera vraiment totale quand le mécanisme (de sortie de crise) sera en place", a déclaré Dominique Faou, patron armateur au Guilvinec, résumant l'état d'esprit des quelque 400 pêcheurs rassemblés jeudi matin sur les quais. Réunis devant la criée du port du Guilvinec, ils ont voté jeudi matin à mains levées à la majorité la reprise immédiate du travail à l'issue d'une courte assemblée générale. Sitôt la fin de la réunion, les bateaux ont poursuivi les préparatifs de départ en chargeant leurs cales de vivres et de glace pour une marée d'une quinzaine de jours.

L'accord conclu mercredi avec Michel Barnier, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, prévoit la mise en place d'ici la fin de l'année d'un système compensant la hausse du gazole au-delà de 0,30 euro le litre, seuil à ne pas dépasser pour la rentabilité des entreprises de pêche, selon les représentants du comité de crise. Les marins-pêcheurs ont également obtenu une exonération des charges patronales et salariales "jusqu'à la mise en place de ce mécanisme de compensation", ainsi que la commande d'une étude visant à réduire la consommation des moteurs. Lors de l'assemblée générale, Jean-Philippe Le Moigne, porte-parole du "comité de crise", s'est déclaré "sûr que le système se mettra en place" car "l'accord est écrit, acté, chiffré". Mais d'autres pêcheurs ont prévenu que "si le gouvernement ne respecte pas ses engagements, on redescendra dans la rue".

Malgré cette reprise du travail, visible aussi à Lorient, Ouistreham (Calvados) ou Le Croisic (Loire-Atlantique), les inquiétudes perdurent sur les bateaux, grands consommateurs de carburant. "Avec un litre de gazole à 56 centimes d'euros aujourd'hui, ça va être dur de tenir jusqu'à la fin de l'année!", s'inquiète Fabrice, 33 ans, marin à Saint-Guénolé, autre port du sud du Finistère. "D'ici la fin de l'année, on risque de ne pas gagner grand chose et pourtant les enfants ont droit à des cadeaux à Noël", souligne le jeune père de famille, qui aurait préféré une poursuite du mouvement de contestation. Car au-delà de la question du gazole, le conflit a mis en lumière les difficultés structurelles de la pêche en France, où le nombre de bateaux a chuté de 40% entre 1990 et 2005.