Une marée humaine jaune et verte, puis un bain de sang à Gaza lundi. Alors que des centaines de milliers de Palestiniens se dispersaient à la fin d'un rassemblement organisé en hommage à Yasser Arafat, des échanges de tirs ont eu lieu entre la police, contrôlée depuis plusieurs mois par le Hamas, et des manifestants, partisans eux du Fatah. Bilan : 6 morts et 130 blessés.
Cet hommage à l'ancien président de l'Autorité palestinienne, mort il y a trois ans à Paris, avait été autorisé par les dirigeants du Hamas au pouvoir. Il constituait pour leurs adversaires du Fatah une occasion unique de descendre massivement dans les rues, toutes les autres réunions publiques étant interdites pour les partisans de l'actuel président Mahmoud Abbas. De fait, la manifestation a été la plus importante depuis la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza.
Mais l'hommage a pris très vite une tournure politique. Quelques minutes avant que ne soient tirés les premiers coups de feu, les manifestants scandaient des slogans anti-Hamas. Dans une allocution lue en son nom, le président palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, a dénoncé "les crimes" commis par le Hamas. Il a dit considérer ce rassemblement "comme un rejet du putsch du Hamas à Gaza et un signe de soutien à sa présidence légitime".
Ces derniers mois, le Hamas a violemment réprimé des manifestations similaires du Fatah à Gaza, et ne cesse de vilipender Mahmoud Abbas et son équipe dirigeante installée à Ramallah en Cisjordanie. Fatah et Hamas se déchirent désormais pour savoir qui a tiré le premier lors de la manifestation. Selon Moukheimar Abou Saada, professeur de sciences politiques à Gaza, ce rassemblement peut être lu comme " un message de colère du peuple palestinien et des sympathisants du Fatah face à la division interne palestinienne et un rejet des agissements des forces du Hamas à Gaza".