Fillon veut mobiliser son camp en vue du 10 juin

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Administrator User , modifié à
Le Premier ministre a invité mardi son camp à la mobilisation pour les élections législatives des 10 et 17 juin. François Fillon a même ouvert les hostilités contre la gauche, accusée dans une charge virulente d'avoir "perdu la bataille idéologique". De son côté, Nicolas Sarkozy a rassemblé à l'Elysée l'équipe dirigeante de l'UMP pour discuter notamment des législatives. Le Parti socialiste a critiqué l'utilisation de l'Elysée et de Matignon pour mener campagne.

Le Premier ministre se place en première ligne dans une "bataille" pour les législatives dont l'issue paraît acquise pour l'UMP. François Fillon a réuni mardi dans les jardins de Matignon députés, sénateurs, élus européens de la majorité présidentielle, dont des ralliés de l'UDF, ainsi que la quasi-totalité de son gouvernement, nommé vendredi dernier. Le mot d'ordre a été très clair... "Une nouvelle campagne électorale a commencé. Elle exige une mobilisation totale. Elle exige de ne pas céder à la facilité et au triomphalisme", a-t-il déclaré dans un discours destiné à galvaniser les troupes du président Nicolas Sarkozy. "Elle exige que nous allions au devant de tous les électeurs avec la volonté de convaincre et non pas de vaincre. Car il ne s'agit pas de battre une France contre une autre. Il s'agit au contraire d'entraîner dans notre sillage toutes les bonnes volontés", a-t-il souligné, vantant les mérites de l'ouverture décriée à gauche. "Je vous demande de situer cette campagne législative au niveau où elle doit être : c'est-à-dire à son plus haut niveau politique. Notre devoir est de nous montrer à la hauteur d'une formidable attente", a insisté François Fillon, se posant en chef de file au nom de la "morale" et du "courage politique". "Je vais mener la bataille des législatives avec vous. Et je ne vais pas la conduire avec le seul statut de responsable de la majorité. Je vais la conduire directement sur le terrain en étant moi-même candidat aux législatives", a-t-il réaffirmé, dans une nouvelle mise au point voilée à l'adresse de son prédécesseur, Dominique de Villepin, qui n'a jamais connu l'onction du suffrage universel. Le mot d'ordre est de défendre "le projet de rupture" du chef de l'Etat - "une métamorphose est désormais possible" - contre la "faillite" idéologique de la gauche. "Cette opportunité est décisive car - et c'est bien là tout son drame -, la gauche n'a pas seulement perdu une élection, elle a, par son refus d'ouvrir les yeux sur le monde, par son conservatisme borné, perdu la bataille idéologique", a estimé François Fillon. "Elle a perdu la bataille des valeurs. Pour tout dire, elle a perdu son magistère intellectuel et moral", a-t-il ajouté dans une diatribe mordante contre l'adversaire. "Face à ceux qui, à gauche, rêvent d'une cohabitation stérile, nous allons rassembler une majorité claire et ouverte à tous les talents", "une majorité décidée et créative", a-t-il assuré, avant de conclure : "Ensemble, nous allons aller chercher la victoire".Un message salué pour sa pugnacité par l'ensemble des participants, dont les anciens lieutenants de François Bayrou Maurice Leroy et Jean-Christophe Lagarde. "Une feuille de route claire et ambitieuse", a commenté le ministre du Travail Xavier Bertrand, candidat dans la 2e circonscription de l'Aisne. Onze membres du gouvernement, dont François Fillon dans la 4e circonscription de la Sarthe, se présentent aux législatives. Selon un sondage TNS-Sofres Unilog réalisé les 18 et 19 mai, l'UMP, créditée de 40% des intentions de vote, se verrait offrir une large majorité, contre 28% au Parti socialiste et 15% au Mouvement démocrate, formation créée par François Bayrou. Mais l'utilisation par l'UMP de l'Elysée et Matignon pour faire campagne est critiquée par le Parti socialiste. "Est-ce que l'hôtel Matignon et le palais de l'Elysée sont devenus les sièges de campagne des candidats de l'UMP ?", s'est interrogé François Hollande. "Les uns sont dans des palais officiels avec l'argent des contribuables, nous nous sommes avec notre propre force militante, nos idées et une conception de la République qui n'est pas la même que celle de Nicolas Sarkozy et de François Fillon", a ajouté le premier secrétaire du PS. Elisabeth Guigou, députée de la Seine-Saint-Denis, a jugé "absolument scandaleux d'utiliser Matignon et l'Elysée comme sièges de campagne politique." "C'est la première fois que l'on voit ça", a souligné l'ancienne ministre de la Justice. Selon Jean-Christophe Cambadélis, député de Paris, "l'ouverture a duré 48 heures, maintenant c'est la France d'un camp, présidée par un homme qui défend son camp". Après la réunion des cadres de l'UMP à l'Elysée, les socialistes "vont pouvoir faire la démonstration que loin de rassembler les Français, Nicolas Sarkozy veut le triomphe de son camp", a-t-il ajouté.