Euthanasie : témoignages favorables au procès de Périgueux

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Administrator User , modifié à
Deux médecins et des patients ont témoigné ce matin en faveur de Laurence Tramois et Chantal Chanel. Les deux femmes, respectivement médecin et infirmière, comparaissent devant les assises de Dordogne pour avoir aidé à mourir une patiente atteinte d'un cancer en phase terminale. Le fils de la victime Paulette Druais devrait témoigner dans la soirée.

La cour d'assises entend ce mardi les collègues et les patients du docteur Laurence Tramois et de l'infirmière Chantal Chanel. Les médecins Jean-Claude Charrut et Christophe Bayon ont expliqué que l'aide à mourir n'était pas exceptionnelle à l'hôpital rural où se sont déroulés les faits en 2003. "Dans les cas de patients jeunes, en relativement bon état cardiaque, les produits sédatifs classiques ne permettent pas à ces personnes de décrocher tranquillement, sans qu'il y ait un tableau clinique horrible", a dit Christophe Bayon, associé de Laurence Tramois, le médecin accusé dans le procès. "Ces gens-là, on ne peut pas les abandonner", a-t-il ajouté. Il a expliqué qu'il estimait que la loi dite "Leonetti" votée en 2005, qui permet l'arrêt des traitements et l'augmentation des doses de médicaments anti-douleur même s'ils provoquent la mort, était insuffisante et hypocrite. "On a le sentiment qu'on nous laisse une porte ouverte, en ajoutant 'ne vous faites pas prendre car on vous couvrira pas'", a-t-il dit.La médecin Laurence Tramois, 35 ans, et l'infirmière Chantal Chanel, 40 ans, sont accusées "d'empoisonnement" pour la mort de Paulette Druais, 65 ans, qui se trouvait dans un coma douloureux et vivait une agonie particulièrement difficile. Elle est morte le 23 août 2003 à l'hôpital de Saint-Astier d'une injection de chlorure de potassium mortelle, prescrite par écrit par le docteur Tramois et administrée par Chantal Chanel. Le président de la commission médicale de cet hôpital, le docteur Jean-Claude Charrut, a ensuite admis à la barre que ce type d'épisodes était relativement courant. Dans le cas Druais, la famille n'a pas porté plainte. C'est une dénonciation d'un cadre hospitalier qui a amené la saisine de la justice. "Ce dossier aurait pu ne pas être connu de la justice. Combien y'en a-t-il qui ne sont pas connus des juges ?", a demandé le président de la cour, Jean-Alain Nollen, au docteur Charrut. "Les patients désirent venir mourir dans l'hôpital. Quand ils ne sont plus en état de le faire, ce sont les familles qui le demandent. Les choses se passent professionnellement, les choses sont transparentes", a-t-il répondu.Les soignants manquent de moyens pour faire face à ce problème, a-t-il souligné. La nuit à Saint-Astier seule une infirmière et cinq aide-soignantes sont de service pour 200 lits, dont six de "fin de vie". Aucun médecin n'est présent. Quand elle a administré le produit mortel à Paulette Druais, Chantal Chanel était seule à l'hôpital. Malgré des protestations, la situation administrative n'a pas changé à ce jour, a expliqué le docteur Charrut. Deux patients du docteur Tramois ont aussi déposé en sa faveur, dont un dont la mère est morte à l'hôpital. "C'est une immense peine de voir ces personnes en cour d'assises. Elles ne méritent pas ça. Leur place est à l'hôpital", a-t-il dit.