EADS confirme une vente d'armes à la Libye

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le groupe franco-allemand EADS a confirmé qu'un contrat avait bien été finalisé avec la Libye pour la vente de missiles antichar. Selon une source libyenne, le montant des contrats établis entre Tripoli et les entreprises françaises s'élèverait à près de 300 millions d'euros. Ces contrats seraient en négociation depuis 18 mois. La gauche demande une commission d'enquête pour savoir s'ils sont aussi liés à la libération des infirmières bulgares.

Le fils du colonel Kadhafi avait parlé mercredi d'un contrat de 100 millions d'euros pour des missiles antichar français. Jeudi soir, une autre source libyenne avait évoqué un montant de 296 millions d'euros. Vendredi matin, c'est EADS qui a directement confirmé l'existence de ces contrats. Le groupe franco-allemand a expliqué qu'un contrat, concernant des missiles antichar, était déjà finalisé. Le second contrat serait "en cours de finalisation". Ce qui relance la polémique sur l'influence de ces accords économiques sur la libération des infirmières bulgares il y a dix jours. Selon la source libyenne, Tripoli aurait signé un contrat de 168 millions d'euros pour l'achat de missiles antichar Milan et un contrat de 128 millions d'euros portant sur des systèmes de communication. Dans les deux cas, ils auraient été signés avec EADS ou ses filiales. Le groupe européen d'aéronautique a expliqué que ces accords commerciaux étaient le fruit de 18 mois de négociation. De son côté, Hervé Morin, le ministre de la Défense a expliqué que des membres du personnel d'EADS étaient en Libye depuis 45 jours. Par ailleurs, les lettres d'intention de ces contrats, des documents obligatoires pour valider la vente, auraient reçu "l'accord" d'une commission interministérielle française en février 2007. L'existence de ces contrats n'avait pas été niée par la présidence de la République jeudi soir. "J'imagine que c'est vrai", a dit le porte-parole de l'Elysée, David Martinon. Mais d'ajouter : "je ne confirme pas". Toutefois, pas de démenti non plus... Il a rappelé que Paris et Tripoli avaient conclu un accord général en matière de défense et d'armement. Pressé par l'opposition de gauche de s'expliquer, Bernard Kouchner a lui démenti à nouveau jeudi qu'un contrat d'armement ou un versement d'argent aient permis la libération des infirmières bulgares fin juillet par la Libye. Nicolas Sarkozy en avait fait de même mercredi. Dans ce dossier, la gauche, notamment par la voix de François Hollande, exige de "la transparence". Le premier secrétaire du Parti socialiste a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire pour "faire le clair" sur les négociations entre la France et la Libye. Une demande transmise par Jean-Marc Ayrault, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, qui a écrit vendredi au président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer pour demander la création d'une commission d'enquête parlementaire. Selon le président UMP de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, il n'y a "aucun élément réellement susceptible de déclencher" une telle commission d'enquête parlementaire. D'après Axel Poniatowski, ce contrat "est autorisé depuis 12 mois donc la procédure a été parfaitement suivie". A contrario, le président de l'Assemblée nationale, l'UMP Bernard Accoyer, s'est dit vendredi "très favorable" à la création d'une enquête parlementaire sur des négociations entre la France et la Libye parce qu'elle "apportera toute la transparence sur ces questions". Avec ces contrats, la France devient le premier pays occidental à fournir des armes à la Libye depuis la levée de l'embargo internationale en 2004.