Drame de Pourtalès : Strasbourg condamné

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Administrator User , modifié à
La ville de Strasbourg a été jugée responsable mardi de la catastrophe du parc de Pourtalès en 2001. Le tribunal correctionnel de Strasbourg l'a condamnée à 150.000 euros d'amende. Dans la soirée du 6 juillet 2001, un platane s'était abattu sur les spectateurs d'un concert de plein air sous l'effet d'une mini-tornade faisant 13 victimes et 97 blessés.

Verdict sans surprise dans la catastrophe de Pourtalès. Le tribunal a suivi les réquisitions du vice-procureur de la République, Brice Raymondeaud-Castanet, lors du procès en février. La ville de Strasbourg est donc condamnée à 150.000 euros d'amende. Brice Raymondeaud-Castanet avait souligné lors du procès le caractère symbolique de cette sanction, rappelant que le maximum encouru par la ville, poursuivie pour homicides et blessures involontaires, n'était que de 225.000 euros. En outre, le tribunal a ordonné la publication du jugement dans la presse. Le jugement ne porte pas sur l'indemnisation des victimes, qui fait l'objet d'une procédure distincte devant le tribunal administratif. Dans la soirée du 6 juillet 2001, un platane centenaire haut de 40 mètres s'était abattu sur les spectateurs d'un concert de plein air sous l'effet d'une mini-tornade déclenchée par un orage. Treize personnes avaient été tuées et 97 autres blessées. Lors de son réquisitoire, le représentant du parquet avait critiqué l'organisation de la manifestation dans un parc aux arbres fragilisés par la tempête de 1999. Il avait dénoncé le fait que les services de la ville n'avaient pas tenu compte de l'alerte lancée par Météo France, qui annonçait ce soir-là un orage accompagné de vents violents. La ville de Strasbourg, la seule à être jugée dans cette affaire, en tant que personne morale, devrait faire appel du jugement. Ses avocats avaient estimé que la municipalité ne pouvait être poursuivie pénalement en l'absence de fautes précises imputables à ses agents et de responsabilité directe dans l'organisation du spectacle. Le concert des "Yiddishe Mamas and Papas" se déroulait dans le cadre de "L'été culturel", une série de manifestations programmées par la ville dans plusieurs lieux. Pour Me Gérard Alexandre, avocat de Strasbourg, c'est au préfet ou à l'association Alligator, productrice du spectacle, qu'il incombait d'annuler la représentation.Le tribunal a estimé que "si toute manifestation publique comporte un risque, il est cependant inacceptable qu'en pleine connaissance d'un risque identifié, du public soit accueilli par une collectivité territoriale dans un lieu potentiellement dangereux et sans qu'aucune mesure ne soit envisagée pour prévoir son repli ou son évacuation en cas d'incidents". Il a relevé "l'existence de multiples négligences, de non respect de la réglementation" imputables aux organes et représentants de la municipalité. Le tribunal a rappelé que, la veille du drame, la ville avait reçu un bulletin d'alerte météo annonçant pour le lendemain "des vents en rafales à une vitesse comprise entre 96 et 108 km/h dépassant les seuils de résistance des gradins et des tentes". Le tribunal a souligné le fait que ce parc avait été fragilisé et partiellement dévasté par la tempête de 1999 et que des arbres y tombaient régulièrement depuis, y compris lors de coups de vents modérés. La situation était connue de l'ingénieur responsable du service des espaces verts qui avait adressé en 2000 une note au service de la culture affirmant qu'il ne pouvait garantir la sécurité du parc. Il n'avait pas répété cette mise en garde en 2001 bien que, selon les experts judiciaires, "les conditions étaient similaires".