Dérapages dans la course aux parrainages

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Administrator User , modifié à
La date limite pour le retour des formulaires de parrainages, fixée au 16 mars, approche à grands pas. La lutte pour obtenir les précieux paraphes donne lieu à des curieuses manoeuvres : un maire du Calvados a décidé de mettre son parrainage aux enchères sur Internet tandis qu'un candidat potentiel, Nicolas Miguet, a vu sa garde à vue prolongée de 24 heures. Il est soupçonné de détournement de parrainages. L'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a, pour sa part, décidé d'attribuer son parrainage lors d'un tirage au sort public vendredi.

La course aux parrainages tourne à l'aigre. Le maire d'un village de Normandie veut accorder au plus offrant la signature dont il dispose pour parrainer un candidat à l'élection présidentielle. Le Conseil constitutionnel ne s'est pas prononcé officiellement sur une telle pratique, mais au sein de l'institution, on rappelle l'existence du délit de corruption passive. André Garrec, premier magistrat de Noron-la-Poterie, un village de 300 habitants proche de Bayeux (Calvados), a déclaré faire cette proposition non "pas pour moi personnellement, mais pour trois associations et pour l'école" de sa commune. "Si j'ai un chèque d'un candidat, il sera partagé équitablement", a déclaré l'édile divers droite. Cet agent commercial âgé de 60 ans explique qu'il a été contacté par les représentants d'une dizaine de candidats et que, pour mettre un terme à ces sollicitations, il a décidé que "jusqu'au 14 mars", c'est-à-dire deux jours avant la date-limite du dépôt des parrainages, ce serait "au plus offrant". André Garrec ne se prononce pas sur la légalité de son initiative qu'il dit avoir prise seul. Il estime toutefois que la majorité de ses administrés l'approuvent. Les services du Conseil constitutionnel rappellent l'article 432-11 du code pénal sur le délit de corruption passive. Il punit de dix ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende "le fait, par une personne investie d'un mandat électif public, de solliciter ou d'agréer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques pour accomplir un acte de sa fonction ou facilité par sa fonction." Autre exemple des dérives liées à la course aux parrainages, Nicolas Miguet a été placé en garde en vue. Le parquet de Paris a décidé mercredi de prolonger cetre garde à vue de 24 heures. Le candidat à l'Elysée du Rassemblement des contribuables français (RCF) est soupçonné d'avoir suscité frauduleusement des parrainages d'élus pour l'élection. Nicolas Miguet, qui n'avait pu aller au bout de sa précédente candidature présidentielle en 2002 faute de parrainages, a fait parvenir à des élus un document à en-tête de la "République française", présenté comme un guide officiel sur les parrainages, accompagné d'un formulaire à renvoyer. Le document, intitulé "République française, que ton règne vienne", leur demandait également de renvoyer ces formulaires à une adresse du VIIIe arrondissement de Paris. Fin février, le Conseil constitutionnel avait mis en garde les élus contre ce qu'il avait qualifié de "faux documents officiels". Le parquet estime que les formulaires auraient pu être indûment utilisés par Nicolas Miguet comme parrainages, alors que les élus n'étaient pas conscients d'avoir donné leur signature. L'équipe de Nicolas Miguet a nié cette version. L'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a, pour sa part, décider de laisser faire le hasard. En tant que conseiller régional de Lorraine, il attribuera son parrainage à l'issue d'un tirage au sort public qui sera effectué vendredi. Il considère qu'il n'est pas normal que certains candidats ne puissent pas se présenter puisque leurs idées "participent activement au débat démocratique".