Délits d'initiés chez EADS : pas de "manoeuvre de l'Etat" selon Fillon

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Après la révélation d'une note de l'Autorité des marchés financiers faisant état de soupçons sur des délits d'initiés massifs concernant les dirigeants et les principaux actionnaires d'EADS, le tout sous couvert du ministère de l'économie, François Fillon a affirmé que l'Etat ne s'était "prêté à aucune manoeuvre" dans cette affaire. Le ministre de l'époque Thierry Breton sera auditionné par le Sénat en ce sens dès vendredi.

Pour François Fillon, le possible délit d'initiés massif que s'apprêterait à révéler l'Autorité des marchés financiers concernant EADS relève de "faits très graves". Mais dans cette affaire où le ministère de l'économie français semble aussi suspecté d'avoir couvert ce délit, le Premier ministre a pris les devants et a affirmé que "l'Etat ne s'est prêté en aucune façon à une manoeuvre supposée, dont l'enquête prouvera ou non l'existence, sur la liquidation d'actions par des porteurs privés". François Fillon répondait ainsi à une question posée jeudi par un sénateur socialiste lors de la séance des questions au gouvernement.

La prochaine étape dans l'enquête sur le possible délit d'initié qui met en cause notamment Lagardère (propriétaire d'Europe 1) doit être l'audition du ministre de l'économie de l'époque Thierry Breton. Il pourrait être entendu vendredi par la commission des Finances du Sénat. Thierry Breton s'est justifié mercredi en expliquant que l'Etat n'avait donné ni "feu vert, ni feu rouge" dans cette affaire, puisqu'il n'avait pas le pouvoir de le faire.

Un appel à la retenue et au respect des procédures judiciaires, c'est ce qu'a aussi lancé François Fillon jeudi après-midi. Le chef du gouvernement a insisté sur le fait que les conclusions de l'Autorité des marchés financiers, attendues début 2008, étaient "loin d'être acquises", et qu'il fallait attendre "les conclusions de la justice avant de commenter la culpabilité de tel ou tel autre". Selon lui, fondée ou pas, cette affaire ne doit pas "jeter l'opprobre sur une grande entreprise européenne stratégique" qui, "après une crise de croissance", connaît à nouveau "un plein succès".

Car les soupçons autour d'EADS font craindre une nouvelle déstabilisation d'une entreprise encore convalescente après les déboires industriels de sa filiale Airbus, plombée par les retards du programme A380. Les salariés de l'avionneur ont exprimé leur colère mercredi après l'annonce de la note de l'AMF. Certains syndicats ont d'ailleurs exigé la démission des dirigeants soupçonnés. Le premier A380 sera précisément livré dans 12 jours à la compagnie Singapour Airlines pour son tout premier vol commercial.