Darfour : Bush tape du poing sur la table

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les Etats-Unis ont lancé une nouvelle offensive diplomatique en deux temps pour mettre un terme aux violences au Darfour, avec l'annonce de nouvelles sanctions contre le Soudan et la préparation d'une résolution au Conseil de sécurité de l'Onu. George Bush a annoncé des sanctions unilatérales contre le gouvernement soudanais, qu'il a accusé de complicité dans le bombardement et le viol de civils innocents. Bernard Kouchner demande, quant à lui, un corridor humanitaire entre le Darfour et le Tchad pour permettre aux secours de venir aider la population.

La France, les Etats-Unis et l'Onu se penchent sur la question du Darfour. Et George W. Bush tape du poing sur la table. Il est exaspéré par l'attitude du président soudanais qui ne fait pas suffisamment d'efforts selon lui pour ramener la paix dans la région du Darfour. L'hôte de la Maison Blanche parle d'un génocide et souhaite qu'on y mette fin. "Mon administration a utilisé le mot approprié pour qualifier ces actions : génocide. Le monde a la responsabilité d'aider à y mettre fin", a-t-il dit. Le président américain a en outre mandaté sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, pour engager des consultations avec la Grande-Bretagne et d'autres alliés, en vue de faire adopter par le Conseil de sécurité de l'Onu de nouvelles sanctions internationales contre le Soudan. Il a aussi invité son homologue soudanais Omar Hassan al Bachir à accepter le déploiement d'une force internationale de maintien de la paix au Darfour. "La population du Darfour appelle au secours et elle y a droit", a déclaré George Bush dans une brève allocution à la Maison blanche. "Je fais cette promesse au peuple du Darfour : les Etats-Unis ne détourneront pas les yeux d'une crise qui met au défi la conscience du monde", a-t-il ajouté.Le président américain a annoncé que le département du Trésor allait interdire 31 sociétés contrôlées par l'Etat soudanais dans le système financier américain. Quatre individus sont également visés, dont deux responsables soudanais et un chef rebelle. Le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, a déclaré lors d'une réunion Europe-Asie à Hambourg que l'UE était "ouverte à l'idée d'envisager" un durcissement des sanctions contre le Soudan. Avant même l'annonce de George Bush, les autorités soudanaises ont promptement critiqué les nouvelles sanctions américaines, de même que la Chine, l'un des principaux acheteurs du pétrole soudanais. "Je pense que ces sanctions ne sont pas justifiées. Elles ne sont pas opportunes. Nous coopérons bien avec les Nations unies", a réagi Mutrif Siddig, sous-secrétaire soudanais aux Affaires étrangères. L'Onu estime que le conflit civil au Darfour, région de l'ouest du Soudan, a fait plus de 200.000 morts et deux millions de réfugiés depuis 2003. Le gouvernement soudanais, qui tente de mater une rébellion issue des populations noires, dément les accusations de génocide et évoque un bilan de 9.000 morts. L'Union africaine dispose de 7.000 soldats de maintien de la paix dans cette région. Leur incapacité à juguler les violences a cependant conduit la communauté internationale à réfléchir à la création d'une force "hybride", composée de plus de 23.000 militaires et policiers grâce à des renforts de l'Onu. Pour les autorités soudanaises, les effectifs ainsi évoqués sont beaucoup trop importants. Khartoum exige que les forces sur le terrain soient exclusivement africaines mais ne refuse pas un soutien logistique de l'Onu. Pour Bush, une résolution de l'Onu doit imposer de nouvelles sanctions aux personnes soupçonnées d'atteintes aux droits de l'homme, étendre à l'ensemble du Soudan un embargo sur les armes en vigueur pour le seul Darfour, et renforcer la surveillance des aéroports soudanais pour empêcher toute attaque aérienne. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a pour sa part proposé la création d'un couloir humanitaire à partir du Tchad pour acheminer de l'aide au Darfour voisin, a déclaré un porte-parole.