Comment Nicolas Sarkozy voit les institutions

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy avait choisi Epinal jeudi soir pour exposer les grandes lignes de la réforme des institutions françaises. Objectif ? Rendre la République " irréprochable ". Il a plaidé pour un Etat fort et un président qui gouverne. En choisissant la ville vosgienne, le président s'est ainsi placé dans les pas du général de Gaulle : c'était à Epinal, le 29 septembre 1946, que ce dernier jetait les bases de la Ve République.

"La France a d'abord besoin d'être gouvernée" : le ton est donné... Le président a présenté jeudi à Epinal ses pistes pour une réforme des institutions. Pourquoi avoir choisi cette ville vosgienne pour s'exprimer ? Pour se mettre dans les pas du général de Gaulle : c'est là que ce dernier avait exposé le 29 septembre 1946 la vision des institutions qu'il mettrait en oeuvre 12 ans plus tard. Alors oui, pour réformer, mais pas pour tourner la page de la Ve République. "Il ne s'agit pas de revenir à la IVe République en prétendant faire la VIe", a-t-il précisé. Et d'ajouter qu'il ne changera pas "les grands équilibres de nos institutions". Ce chantier de la réforme des institutions sera confié à un comité, dont Nicolas Sarkozy a annoncé la création jeudi soir. Composé de 12 à 15 membres, associant hommes politiques, juristes et intellectuels, ce comité devra faire d'ici le 1er novembre des propositions pour que la République "devienne irréprochable" et que les institutions françaises "soient adaptées aux exigences de la démocratie du XXIe siècle". La feuille de route est fixée : il devra se pencher sur le rôle du Parlement, sur la création de nouvelles commissions et de moyens de contrôles supplémentaires, un statut de l'opposition, l'introduction éventuelle d'une dose de proportionnelle à l'Assemblée nationale, le rôle du Sénat et sa composition, l'indépendance de la justice, la transformation éventuelle du Conseil constitutionnel en Cour suprême, le rôle du Premier ministre, l'étendue des pouvoirs du président ... Le comité sera présidé par l'ancien Premier ministre Edouard Balladur. La commission comprendra des personnalités "choisies sur les seuls critères de leurs qualités personnelles, de leur expérience, de leurs compétences", a précisé le chef de l'Etat. Des personnalités de droite, de gauche... Une allusion, puis une confirmation que Nicolas Sarkozy reste fidèle à sa politique d'ouverture : il a bien demandé à Jack Lang, qui vient de claquer la porte de la direction du PS, d'être un "membre éminent" de ce comité. Et de rendre un hommage appuyé à l'ancien ministre socialiste : "je rends hommage à son sens de l'intérêt général et je veux lui témoigner mon respect et mon estime", a souligné le chef de l'Etat. Jack Lang donnera sa réponse "dans les prochains jours". En vantant un "Etat fort" et un "président qui gouverne", le président a ainsi revendiqué une "présidentialisation" de la Ve République, que toute son action, depuis son arrivée à l'Elysée le 16 mai, tend à accentuer. Sans oublier au passage d'égratigner son prédécesseur Jacques Chirac : "Au nom de quoi", a demandé Nicolas Sarkozy, "le chef de l'Etat (...) serait le seul à devoir s'organiser pour ne pas avoir à assumer (ses responsabilités) ?" Ainsi, il a souhaité que le président de la République soit "amené à rendre davantage de comptes" et puisse s'exprimer "au moins une fois par an" en personne devant le Parlement pour expliquer son action, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il a annoncé au passage que le budget de la présidence de la République serait désormais contrôlé par la Cour des comptes.