Colonna accuse ses amis de vouloir sa perte

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le berger de Cargèse a accusé mardi les membres du commando condamnés pour l'assassinat du préfet Claude Erignac de ne pas l'avoir clairement mis hors de cause pour "protéger quelqu'un d'autre ou quelques-uns", en début d'audience, à la cour d'assises spéciale de Paris. La défense d'Yvan Colonna a demandé un transport de la cour sur les lieux du crime.

Yvan Colonna a exprimé sa déception mardi en début d'audience. Il a regretté d'avoir vu les hommes déjà condamnés pour l'assassinat du Préfet Erignac déposer de manière incomplète et ambigüe, même s'ils ont affirmé que le berger de Cargèse n'avait pas participé aux faits. "Je ne comprends pas, je pense qu'ils ont fait un choix, celui de prendre le risque de me faire condamner à perpétuité alors que je suis innocent, pour protéger quelqu'un d'autre ou quelques-uns", a-t-il dit à la cour. "Je n'ai jamais tué personne, M. le président", a ajouté Colonna. "J'ai peut-être une responsabilité, parce que j'ai pris la fuite mais qu'est-ce qui empêchait les magistrats instructeurs d'aller au fond des contradictions ?"

Cinq des six hommes déjà condamnés dans l'affaire Erignac sont venus témoigner à la cour pour affirmer qu'Yvan Colonna était innocent alors qu'il l'avait mis en cause initialement. Ils se sont cependant refusés à expliquer en détails le déroulement des faits et sont restés évasifs sur les motifs de leurs revirements. C'est surtout Alain Ferrandi, chef présumé du commando, qui a semé le trouble lundi, en répondant par une phrase équivoque à Colonna qui le sommait de déclarer qu'il n'était pas sur les lieux. "Je sais que tu es un homme d'honneur et que si tu avais participé à cette action, tu l'aurais revendiquée. Par conséquent, je confirme que tu ne faisais pas partie du groupe", a-t-il dit. Mardi, Martin Ottavianni, condamné pour avoir été le chauffeur des assassins, a déposé devant la cour pour assurer qu'Yvan Colonna était innocent, mais s'est aussi refusé à fournir le moindre détail.

La défense a demandé un transport de la cour sur les lieux de l'assassinat, à Ajaccio. "Incontestablement, au fil des audiences, des éléments nouveaux sont intervenus", a fait valoir Me Philippe Dehapiot, défenseur d'Yvan Colonna. Depuis sa capture en juillet 2003, après plus de quatre ans de cavale, le berger de Cargèse et sa défense avaient demandé ce transport sur les lieux qui leur avait été refusé par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris. La défense veut tenter de prouver que seulement deux personnes étaient sur les lieux de l'assassinat, à savoir Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Les deux hommes ont déjà avoué leur présence. Cela exclurait donc celle d'Yvan Colonna.