Colombie : Sarkozy reste prudent dans le dossier Betancourt

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le gouvernement colombien a proposé mardi aux Farc l'ouverture de négociations directes sur la libération des otages politiques retenus dans la jungle, discussions auxquelles la France pourrait être associée. Nicolas Sarkozy n'exclut pas de se rendre en Colombie "pour y être utile" mais réfléchit toujours à la "meilleure stratégie" à adopter, selon l'Elysée. Les espoirs de la famille Betancourt repose en grande partie sur cette médiation française.

Toujours pas de réponse officielle de la France à la proposition d'Alvaro Uribe. Le gouvernement colombien a fait savoir mardi qu'il allait proposer à Nicolas Sarkozyde participer à une réunion avec les guérilleros des Farc pour négocier la libération de leurs otages. Depuis, l'Elysée a souligné que M. Sarkozy n'entendait se rendre en Colombie qu'à condition d'"y être utile". Le Haut commissaire colombien pour la paix Luis Carlos Restrepo était attendu mercredi à Paris afin de présenter cette proposition au chef de l'état français. Mais il a ajourné son voyage à la demande du gouvernement français. Officiellement, Nicolas Sarkozy réfléchit à la proposition colombienne.

"On n'a pas le droit de se tromper, nous avons besoin d'un peu de réflexion", a expliqué un haut responsable français, rappelant que la priorité du chef de l'Etat français était la libération d'Ingrid Betancourt et des autres otages. L'entourage du président français explique surtout que celui-ci ne veut pas être instrumentalisé par les Farc dans ces négociations. Selon Dominique de Villepin, l'ancien Premier ministre français qui a aussi été le professeur d'Ingrid Betancourt lorsqu'elle était étudiante à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, Nicolas Sarkozy a "un rôle très important à jouer" pour la libération de l'otage franco-colombienne. Selon lui, "il y a des circonstances aujourd'hui réunies, qui permettent véritablement de penser à une libération rapide".

Mélanie Delloye, la fille d'Ingrid Betancourt, a estimé que cette proposition était une "très, très bonne nouvelle", si elle se concrétise. Son père a lui approuvé la prudence du chef de l'Etat français. "Il n'est pas question qu'il y ait des conditions préalables à ces négociations. Il faut que le président Sarkozy puisse négocier tranquillement avec les Farc", a expliqué Fabrice Delloye qui en a appelé sur Europe 1 à une médiation conjointe de la France, du Vénézuela et des Etats-Unis.

L'objet de ces négociations directes cette fois pourrait être la conclusion, espérée par les familles des otages politiques, d'un accord humanitaire. Il permettrait d'échanger des membres des Farc détenus dans les prisons colombiennes contre 45 otages capturés pour des raisons politiques. Parmi eux, la Franco-colombienne Ingrid Betancourt dont une preuve de vie a enfin été obtenue ce week-end. Son désespoir et la pression internationale existante depuis le début de sa captivité en 2002 viennent se cumuler pour presser le processus de négociations.

Mais la discrétion est encore de mise côté français. "Dans la tradition diplomatique française, nous sommes enclins à la discrétion. Nous parlerons peu", a précisé l'ambassadeur de France à Bogota. Le souvenir de l'échec de la tentative de libération d'Ingrid Betancourt à l'été 2004, avec l'envoi d'un avion dans la jungle, reste fort. Mais pour la famille de l'otage, les autorités françaises sont à une place stratégique car elles entretiennent des liens à la fois avec le président Uribe et les Farc. Les deux clés du succès.