Clearstream : Villepin fait appel de son contrôle judiciaire

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
L'ancien Premier ministre, mis en cause dans l'affaire Clearstream, notamment par des documents récemment découverts, a été mis en examen vendredi matin par les juges d'Huy et Pons pour "complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol et d'abus de confiance, complicité d'usage de faux". Il a été placé sous contrôle judiciaire et aurait l'interdiction de rencontrer tous les acteurs du dossier dont Jacques Chirac. Il a annoncé qu'il fait appel de son contrôle judicaire qui l'oblige à payer une caution de 200 000 euros.

Il est arrivé au pôle financier du tribunal de Paris souriant et bronzé après ses vacances à Tahiti. Dominique de Villepin est ressorti 50 minutes plus tard, après une entrevue avec les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons qui lui ont notifié, comme prévu, sa mise en examen. Dans le cadre de l'affaire Clearstream, l'ancien Premier ministre est inculpé pour "complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol et d'abus de confiance, complicité d'usage de faux", selon les chefs détaillés par ses avocats. Il serait impliqué dans la manipulation des listings de Clearstream qui visait, entre autres, à déstabiliser l'actuel chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin a été placé sous contrôle judiciaire. Selon des sources proches du dossier, il aurait désormais l'interdiction de rencontrer les autres personnalités mises en cause dans cette affaire, parmi lesquelles figure entre autres l'ancien chef de l'Etat Jacques Chirac. L'ancien Premier ministre a fait appel de son contrôle judiciaire. A sa sortie du tribunal, Dominique de Villepin a juste glissé quelques mots avant de s'engouffrer dans une voiture. Il a tenu a réaffirmer son innocence devant la presse. "Je tiens à redire qu'à aucun moment je n'ai demandé d'enquête sur des personnalités politiques, qu'à aucun moment je n'ai participé à une quelconque manoeuvre politique". "J'ai agi pour faire face à des menaces internationales, à des menaces concernant nos intérêts économiques. C'est strictement dans ce cadre que j'ai agi, c'était mon devoir comme ministre", a déclaré celui qui était à l'époque des faits ministre des Affaires étrangères puis ministre de l'Intérieur. Il a aussi précisé qu'il répondrait à toutes les questions des juges dans l'avenir. Pour préparer ses explications, il va désormais pouvoir consulter l'ensemble du dossier comme le lui permet le statut de "mis en examen". Il a annoncé qu'il a afit appel de son contrôle judiciaire qui l'oblige à verser une caution de 200 000 euros, un montant "vexatoire" selon son avocat. Pour Jean-Pierre Grand, député villepiniste, premier élu à réagir officiellement à cette nouvelle, "il y a tous les ingrédients d'une nouvelle affaire Dreyfus" dans l'affaire Clearstream. Dominique de Villepin serait la victime, selon lui, d'un "acharnement médiatico-judiciaire". De son côté, François Hollande s'est montré dubitatif : "Si, au sein de l'UMP, au sein même de l'Etat, on est capable d'utiliser des procédures comme celle-là, on peut se demander si nous sommes encore dans une république impartiale et transparente", avant de rappeler que l'ancien Premier ministre était présumé innocent. En visite à Libreville, le président Sarkozy n'a eu aucun commentaire, tout comme le successeur de Dominique de Villepin, François Fillon, en déplacement à Madrid. Dominique de Villepin avait déjà été entendu pendant 17 heures en décembre. Il avait alors écarté toute responsabilité et semblait mis hors de cause. Mais la révélation fin juin de notes informatiques inédites du général Rondot, qui pensait les avoir effacées, a donné une nouvelle tournure à cette affaire. Les juges cherchent désormais à déterminer quels rôles exacts ont joué les différents protagonistes impliqués dans cette affaire tortueuse. Pour la suite du dossier, et en fonction de l'instruction qui sera menée, deux pistes sont possibles. Soit les juges déterminent que Dominique de Villepin a agi dans le cadre de ses fonctions ministérielles et il pourrait être présenté au terme de la procédure devant la Cour de justice de la République, seule juridiction compétente pour juger les ministres dans le cadre de leurs fonctions. Soit, les actes reprochés à Dominique de Villepin ne sont pas liés directement à son activité aux ministères des Affaires étrangères puis de l'Intérieur et l'ancien Premier ministre pourrait être présenté à un tribunal ordinaire comme n'importe quel justiciable.