Avec plus de 320 millions de bouteilles vendues en 2006 dans le monde, le champagne se porte bien et le nerf de la guerre des grandes maisons, c'est l'approvisionnement en raisins. On fait tout pour s'assurer l'approvisionnement auprès de vignerons, on rachète des concurrents qui possèdent des vignobles, mais rien n'y fait, les 37.000 hectares de vignes autorisés à produire le précieux breuvage n'y suffisent plus. Il faut donc planter, mais tout le monde n'y est pas autorisé... C'est pourquoi, depuis 2003, des experts, des historiens, des géologues, des climatologues travaillent à une extension de la zone d'appellation. 40 villages ont été retenus mais le processus est loin d'être terminé, car les communes présélectionnées vont maintenant être soumises aux experts de l'INAO (Institut national des appellations d'origine contrôlée).
Pour les heureux élus, ce serait évidemment le jackpot sachant que l'hectare de vignes AOC se négociait à 626.000 euros en 2006 en Champagne et serait valorisé aujourd'hui à près de 800.000 euros.Patrick Lebrun prédit déjà une envolée du foncier : "une terre agricole qui vaut aujourd'hui 10.000 euros pourrait valoir demain 50 à 100.000 euros l'hectare", explique le président du Syndicat général des vignerons. Reste que toutes les terres ne seront pas immédiatement autorisées à planter - la démarche devrait s'achever en 2017 - ce qui pourrait calmer un peu la spéculation.
En attendant, "il y aura un passage difficile, où il faut raison garder. Les maisons doivent limiter les développements économiques et les viticulteurs les accompagner", commente Ghislain de Montgolfier, coprésident du Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC) qui compte sur un petit coup de pouce de dame nature... Les vendanges 2007, très précoces du fait de la météo favorable du printemps, pourraient déboucher sur la production d'environ 400 millions de bouteilles de champagne, soit nettement plus que les 321 millions vendus en 2006.
Etienne Guffroy