CGT : Thierry Lepaon est sur un siège éjectable

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Benjamin Bonneau, avec Caroline Roux , modifié à
Le numéro 1 de la CGT aurait perçu une prime allant de 100 à 200.000 euros. La Commission exécutive de la confédération va se réunir pour en tirer les conséquences.

L'INFO. Les semaines se suivent et se ressemblent pour Thierry Lepaon. Après les travaux dans son appartement de fonction puis dans son bureau, le numéro 1 de la CGT est éclaboussé par de nouvelles révélations parues dans L'Expresssur les indemnités de départ qu'il aurait perçues lorsqu'il a quitté ses fonctions en Basse-Normandie pour rejoindre Paris. Dans les rangs de la CGT, la colère gronde. Et la commission exécutive va "prendre toutes les dispositions nécessaires", selon Les Echos.

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"Il s’est en quelque sorte attribué une prime de mobilité". En mars 2013, Thierry Lepaon a quitté le secrétariat du Comité régional CGT de Normandie pour succéder à Bernard Thibault à la tête de la confédération. Or selon Les Echos de mercredi, il n’y aurait pas eu de rupture conventionnelle homologuée par le ministère du Travail mais le versement d’un complément de salaire au moment de son départ vers Paris. "Il s’est en quelque sorte attribué une prime de mobilité alors que son employeur lui finance un logement de fonction, c’est assez incroyable", résume un ancien DRH. D'autant plus "incroyable" que la CGT n'a jamais caché son hostilité au dispositif de la rupture conventionnelle, jugé trop propice "aux licenciements déguisés".

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Une prime de 100 à 200.000 euros. Quant au montant de la prime en question, Thierry Lepaon a assuré à L’Express qu’il "ne se souvient plus" de son montant, ajoutant que ce n’était "pas grand-chose". Mais dans les couloirs de la centrale, on évoque une prime allant de 100.000 à 200.000 euros. Autant dire que la pilule a du mal à passer pour ses camarades. Une réunion exceptionnelle du bureau confédéral - l’équipe de direction autour du secrétaire général, soit 10 personnes au total - s’est tenue mardi matin, en présence de Thierry Lepaon.

"Prendre toutes les dispositions nécessaires". A son issue, un communiqué a été diffusé en interne - mais diffusé par Les Echos - qui promet que "la transparence complète sera donnée [aux] organisations [de la CGT] sur ces derniers éléments et la Commission exécutive confédérale [direction élargie de 50 membres, Ndlr] se réunira le 9 décembre pour prendre toutes les dispositions nécessaires". Vendredi, une nouvelle réunion du bureau est prévue pour "préparer ces débats". Mais Thierry Lepaon vit certainement ses derniers jours à la tête de la CGT.

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Le gouvernement ne sait plus à qui parler. Une situation qui ne réjouit personne au sein du gouvernement. Un ministre raconte ainsi qu’il n’a pas pu organiser de réunion bilatérale avec le syndicat depuis des mois, parce que la direction de la CGT ne parvient pas à se mettre d’accord sur la composition de la délégation !

Une organisation complexe qui  n'arrange pas les discussions. "Il arrive qu’entre deux interlocuteurs, la position ne soit pas la même", assure un autre ministre. Les syndicats regrettent eux aussi les hésitations de la CGT, alors que se déroulent en ce moment les négociations sur les seuils sociaux et les retraites complémentaires.