Bus incendié : Mama Galledou témoigne

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Mama Galledou, la jeune femme de 27 ans brûlée dans l'incendie criminel d'un bus à Marseille en octobre 2006, a témoigné jeudi au procès de deux de ses agresseurs présumés, des mineurs. La victime avait accepté de parler par visioconférence. Les deux accusés sont restés, eux, murés dans leur silence.

Arrivée discrètement en tout début de matinée, la jeune femme, qui a été brûlée sur 62% de la surface du corps, a été installée dans la bibliothèque du tribunal de grande instance de Marseille, au cinquième étage de ce bâtiment mitoyen au Palais de justice où se déroule le procès à huis clos. Elle était accompagnée d'un greffier, de l'un des avocats de la défense et d'une équipe technique. Après avoir longtemps hésité, Mama Galledou a accepté de témoigner en exigeant qu'elle soit cadrée en plan serré et que sa déposition ne soit pas enregistrée. En outre, elle ne devait voir sur l'écran de contrôle que le président du tribunal et a refusé que l'on filme ses agresseurs, les deux mineurs jugés depuis mardi.

Face au visage cadré de leur victime, les deux adolescents sont demeurés murés dans le silence et se sont contentés de renouveler leurs regrets. "Même s'ils ont participé à un acte abominable, ce ne sont que des enfants. Ils n'ont pas la capacité de s'exprimer autrement", a plaidé Me Michel Lao, le défenseur de l'un d'entre eux. Pendant près d'une heure, la victime a pourtant directement demandé des explications précises à ses agresseurs. "Qui a mis le feu bien sûr, mais aussi comment ce groupe s'est organisé pour en arriver là?", a précisé son avocat. "Eux refusent de parler de ce projet fou de mettre le feu à un bus", a-t-il dit. "Pourquoi on m'a laissé brûler, à quoi vous pensiez lorsque vous êtes parti en m'abandonnant?" a pourtant directement demandé Mama Galledou à ses agresseurs, sans obtenir de réponse.

La même frustration de ne pouvoir obtenir une "exigence minimale de vérité" a été ressentie par les autres avocats des parties civiles. "C'est désespérant de ne pas arriver à arracher un bout de vérité de la bouche d'un adolescent", a déploré Gilbert Collard, l'avocat de la conductrice du bus. "On a affaire à des jeunes qui ont la tête dure comme des murs de prison. Plus la souffrance est grande, plus l'exigence de vérité est nécessaire et plus le silence qu'on y oppose est insupportable."

Les deux mineurs, qui étaient âgés de moins de 16 ans au moment des faits, bénéficient de l'excuse de minorité et encourent quinze ans de réclusion. Les six autres prévenus comparaîtront du 3 au 7 décembre devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône et encourent une peine de trente ans de prison. "J'espère que Mama aura la force et le courage de témoigner de nouveau aux assises, mais son parcours de soins est encore long", a conclu Me Molla.