Entretenir des "relations" avec l'opposante : c'était la mission confiée au ministre du travail le 8 octobre dernier par la junte sur les conseils de l'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Ibrahim Gambari. Il s'est exécuté jeudi en recevant dans une résidence gouvernementale officielle pendant plus d'une heure Aung San Suu Kyi. Le contenu de cet entretien n'a pas été révélé. La télévision officielle a simplement montré de brèves images des deux personnalités en train de parler.
Aung San Suu Kyi a dû quitter son domicile pour se rendre à ce rendez-vous. La prix Nobel de la paix est en résidence surveillée depuis 12 ans. Elle avait déjà obtenu une précédente "libération" le 2 octobre dernier pour rencontrer l'émissaire de l'ONU. Le chef de la junte s'était engagé à organiser ce rendez-vous mais tout en exigeant qu'Aung San Suu Kyi abandonne sa politique de "confrontation" et de soutien à la politique occidentale de "sanctions".
Legouvernement militaire birman a aussi demandé aux moines qui ont protesté pacifiquement de "comprendre" la répression sévère des manifestations. La violence était "inévitable" rapporte la presse officielle birmane. "Je voudrais que vous compreniez qu'il était inévitable de prendre des mesures préventives", a ainsi expliqué le ministre des religions sans reconnaître que des bonzes avaient été tués. Au total quelque 3.000 personnes ont été arrêtées durant cette période. Parmi elles, au moins cent moines restent en prison.