Birmanie : la police se déploie, couvre-feu à Rangoun et Mandalay

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La junte militaire birmane s'est réunie d'urgence mardi face au mouvement de contestation massif qui ébranle le pays. 100.000 personnes, dont 30.000 moines bouddhistes, ont encore participé à une manifestation contre le régime militaire au pouvoir. Un couvre-feu nocturne a été décrété à Rangoun et à Mandalay. Nicolas Sarkozy recevra mercredi à Paris l'opposition birmane en exil pour lui manifester son soutien.

Les événements en Birmanie ont un impact immédiat aux Nations Unies où s'est ouvert mardi l'Assemblée générale de l'Onu. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé les autorités birmanes à faire preuve de retenue face aux manifestations, dans son discours d'ouverture. De son côté, George Bush a annoncé de nouvelles sanctions financières américaines contre le régime birman qu'il accuse de "règne de la peur". Le président américain a également invité l'Onu à exercer des pressions similaires sur la junte militaire. Nicolas Sarkozy a déclaré pour sa part que la France n'accepterait pas une répression des manifestations en Birmanie. Il a annoncé qu'il recevrait mercredi à Paris l'opposition birmane en exil pour lui manifester son soutien.

Descamions de police anti-émeute se sont déployés mardi dans le centre de Rangoun après la dispersion sans incident d'une nouvelle manifestation de masse contre le régime. La police, munie de boucliers, matraques et fusils, s'est déployée dans le quartier de Botataung, près de l'endroit où a pris fin le rassemblement conduit par des milliers de moines bouddhistes. L'opposante birmane Aung San Suu Kyi est toujours en résidence surveillée à Rangoun, démentant des informations de presse selon lesquelles elle aurait été transférée en prison. La sécurité a été renforcée depuis dimanche autour de sa résidence, des barricades et des policiers anti-émeute bloquant l'accès à l'avenue. Un couvre-feu nocturne a été décrété à Rangoun, ville déclarée zone d'accès restreint, et à Mandalay.

Lundi déjà, la journée avait rassemblé plus de 100.000 manifestants, un nombre inégalé depuis le soulèvement démocratique de 1988. Cette année là, des dizaines de milliers de manifestants étaient descendus dans les rues, des agents provocateurs avaient été vus attisant la colère des foules, donnant ainsi à l'armée un prétexte pour intervenir et rétablir l'ordre. On pense que la répression avait alors fait dans les 3.000 morts. Pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation, déclenché le 19 août par des opposants politiques après une augmentation des prix des carburants et des transports en commun, la junte a réagi. Jusqu'à présent, le régime du généralissime Than Shwe avait adopté un profil bas.

La Chine, principale alliée de la Birmanie, a appelé le gouvernement et le peuple birmans à gérer "correctement" la situation tout en réaffirmant ne pas vouloir s'ingérer dans les affaires intérieures birmanes. La Chine souhaite "la stabilité et le développement économique de la Birmanie", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.