Betancourt : Uribe joue le chaud et le froid

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Administrator User , modifié à
Après avoir ordonné vendredi à l'armée d'arracher Ingrid Betancourt des mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), malgré l'opposition de sa famille et de la France d'utiliser la force, le président colombien Alvaro Uribe tente de calmer le jeu aujourd'hui. Il promet de tenir compte de la position française.

Décidément, difficile de suivre le président colombien. "Généraux ! Nous allons porter secours à Ingrid Betancourt. Il n'est pas question de jouer avec ces hors-la-loi", avait lancé vendredi Alvaro Uribe, brandissant le poing, lors d'un rassemblement public à Bogota. "Et le Congrès américain ne doit avoir aucun doute, parce que nous allons effectuer un sauvetage militaire des trois Nord-américains détenus par les Farc", avait-il poursuivi, évoquant des compagnons de détention de la Franco-colombienne. Les Américains Thomas Howes, Marc Gonsalves et Keith Stansell ont été kidnappés en 2003. Ingrid Betancourt a été enlevée le 23 février 2002. Alvaro Uribe avait ajouté : "les camps de concentration des Farc sont plus cruels que ceux des nazis".Après cette démonstration de force, le Quai d'Orsay avait rappelé que "la France (était) opposée à toute action militaire qui pourrait mettre en danger la vie des otages". A Paris, le Comité de soutien à Ingrid Betancourt avait également fustigé la décision d'Uribe samedi. "Vraisemblablement, le Président colombien, mal en point sur la scène politique colombienne, a voulu reprendre la main - dure - en se livrant à une vaste opération de communication mal pensée puisque mêlant tragédie et théâtre de l'absurde", déplore-t-il dans un communiqué. Est-ce pour calmer les esprits français, que le président Uribe promet aujourd'hui de tenir compte de la position française ? Tout en affirmant cela, il reste déterminé à "éradiquer les terroristes". Mercredi, John Frank Pinchao, un policier colombien qui dit s'être évadé après plus de huit ans de détention aux mains des Farc, a assuré avoir côtoyé Ingrid Betancourt et les trois otages américains, quelques semaines plus tôt. Il s'agissait des premières nouvelles à leur sujet depuis la diffusion en 2003 d'un document vidéo tourné par leurs ravisseurs. Le président français Nicolas Sarkozy a reçu vendredi les proches d'Ingrid Betancourt pour les assurer de sa détermination à obtenir sa libération. "Le président de la République est totalement déterminé à ce qu'Ingrid revienne", avait déclaré Fabrice Delloye, père des enfants de l'ancienne candidate écologiste à l'élection présidentielle colombienne, à l'issue de l'entretien. Nicolas Sarkozy doit recevoir "très rapidement" un envoyé spécial d'Alvaro Uribe, le Haut commissaire pour la paix en Colombie. Les Farc, mouvement de guérilla le plus ancien d'Amérique latine, réclament la démilitarisation d'une vaste zone rurale en échange de l'ouverture de discussions sur la libération de leurs otages, mais les négociations avec Bogota restent pour l'heure dans l'impasse. Le comité de soutien a annoncé l'organisation d'une grande "marche de la détermination" mercredi à Paris, entre Notre-Dame et l'Hôtel de Ville.