Bernard Thibault menace d'autres grèves faute d'inflexion

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les grèves du 18 octobre ne seront qu'une mise en bouche si Nicolas Sarkozy et son gouvernement continuent de simuler le dialogue avec les syndicats. L'avertissement vient de Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. Le chef de l'Etat a redit vendredi qu'il n'était pas question de renoncer à l'alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général de la fonction publique.

Le secrétaire général de la CGT estime indispensables des réformes pour redresser l'économie et les comptes publics, assurer l'avenir des retraites et améliorer la situation des Français, mais il juge mauvaises les solutions du gouvernement. C'est pourquoi Bernard Thibault prédit qu'"il y aura beaucoup de monde" le 18 octobre pour la journée d'action dans les transports, l'énergie ou la fonction publique et la première confrontation de la rue avec le gouvernement. "D'autres secteurs professionnels ont décidé de participer. Dans la métallurgie, on recense par exemple une centaine d'arrêts de travail sur des revendications salariales."

Et il y aura d'autres grèves faute d'inflexion et de dialogue réel avec les syndicats, prévient le leader de la CGT. Selon Bernard Thibault, les rencontres répétées du président de la République avec les syndicats ne sont qu'un "affichage qui ne suffira pas à résoudre les désaccords de fond". "Il est ouvert sur les photos. Il s'affiche avec les syndicats. La qualité de ce dialogue, c'est autre chose." Au contraire, dit-il, "le président et son gouvernement ont tendance à décider d'une réforme, de son objectif et de son calendrier, et après de nous demander d'accompagner cette réforme". Si cette situation perdure, "il y aura d'autres grèves après le 18 octobre, c'est fort probable", insiste Bernard Thibault.

"Ce n'est pas le principe des réformes qui nous effraie. Une majorité de Français attend des réformes et nous pensons qu'il y a des réformes à faire dans bien des domaines mais c'est sur l'orientation, la définition des réformes et leurs objectifs qu'il y a polémique", souligne le leader de la CGT. D'autant que "le président de la République a tendance à traduire dans ses réformes assez systématiquement les attentes du patronat (...), des formules qu'on a déjà largement utilisées sans que les résultats soient à proportion".

Principal casus belli, la réforme en cours des régimes spéciaux de retraite ainsi que celle du régime général et du régime de la fonction publique prévue en 2008. "On assiste à une dégradation du niveau des retraites versées et on nous dit qu'il n'y a pas d'autre solution que de continuer dans la même voie", souligne Bernard Thibault. "Exiger une durée de cotisation de plus en plus longue pour des salariés qui, de plus en plus souvent, vont avoir des interruptions de carrière, équivaut à dire qu'à 60 ans, les salariés partiront avec des retraites de plus en plus basses." Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, estime de son côté que l'allongement de la durée de cotisation est la seule réponse crédible au vieillissement de la population si l'on veut maintenir le niveau actuel des pensions, ce qu'il garantit.

Pour financer le système de retraites, Bernard Thibault souhaite "une autre politique de ressources humaines des entreprises" pour favoriser l'emploi des jeunes et des seniors. "Si nous ne changeons pas la situation de l'emploi, il y a une impasse à considérer que seuls ceux qui sont au travail aujourd'hui vont pouvoir subvenir aux besoins des retraités qui vont être de plus en plus nombreux."