Attentats de 1995 : Ramda demande l'annulation de son procès

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le procès de l'islamiste algérien Rachid Ramda s'est ouvert lundi devant une cour d'assise spéciale, composée exclusivement de magistrats professionnels. Il est considéré comme le financier des attentats meurtriers de 1995, qui ont fait 8 morts et près de 200 blessés dans le métro et le RER parisiens. Les avocats de Ramda ont demandé l'annulation du procès.

C'est un procès sous haute surveillance qui s'est ouvert lundi à Paris. Rachid Ramda comparaît pour les trois attentats de la vague terroriste de 1995 dans la capitale française. L'islamiste algérien était le grand absent en 2002 lors du premier procès. En revanche, incarcéré en France depuis 2005 après son extradition de Grande-Bretagne, il a été condamné en mars 2006 à dix ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris, dans le volet délictuel de l'affaire, une peine confirmée en appel en décembre. Cette fois, Rachid Ramda est jugé pour complicité dans les attentats de 1995. Ce nouveau procès, qui va durer tout le mois d'octobre, a lieu devant la cour d'assises de Paris siégeant dans une formation réservée aux dossiers de terrorisme, c'est-à-dire exclusivement composée de magistrats professionnels.

L'accusé a pris place peu après 10h35 dans le box protégé de vitres pare-balles. Chemise blanche et veste foncée, il est apparu détendu, le visage souriant encadré par une barbe brune. Près de 200 victimes, dont une bonne cinquantaine étaient présentes à l'ouverture, serrées sur les bancs du public, sont parties civiles au procès, tout comme l'association SOS Attentats présidée par Françoise Rudetzki. La cour a commencé par l'appel des témoins. Boualem Bensaïd, et Smaïn Ali Belkacem, deux éxécutants des attentats emprisonnés depuis 1995, viendront déposer le 10 octobre. Plusieurs dizaines de victimes ou parents de victimes seront aussi entendues comme parties civiles, de même que des enquêteurs britanniques, à moins que...

Les avocats de Rachid Ramda ont demandé l'annulation du procès en arguant du fait que la cour d'assises ne peut, selon eux, rejuger leur client, déjà condamné en correctionnelle en 2006 dans le volet délictuel de l'affaire (association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste). "On ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits. L'action publique doit s'éteindre à partir du moment où les faits ont été jugés", a expliqué un des avocats de Rachid Ramda.

Ramda, âgé aujourd'hui de 38 ans, est soupçonné d'avoir assuré, pour le compte du GIA algérien (Groupe islamique armé), le financement de l'attentat de Saint-Michel (8 morts, environ 150 blessés) en juillet 1995 et de ceux du Musée d'Orsay et de Maison-Blanche qui avaient fait des dizaines de blessés en octobre de la même année. Pour l'accusation, il a été, depuis Londres où il était installé, "le maître d'oeuvre" d'une "centrale d'information" et d'une "structure de financement du GIA", qui avait revendiqué les attentats. Il aurait été "l'interlocuteur privilégié" de l'émir du GIA, Djamel Zitouni, ainsi que son "agent principal de propagande" en Europe. Interpellé le 4 novembre 1995 en Grande-Bretagne où il résidait, sur la base de mandats d'arrêts français, Rachid Ramda avait été extradé vers la France le 1er décembre 2005 au terme d'une longue bataille de procédure.

"Ces accusations sont aberrantes", a déclaré Rachid Ramda lundi dans un entretien à Libération. "Je ne suis qu'un simple musulman qui vit dans les préceptes de sa foi " déclare l'islamiste algérien qui refuse de se définir comme un émir du GIA, un fondamentaliste religieux ou un membre d'Al-Qaïda.