Assemblée générale houleuse chez Alcatel-Lucent

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Ambiance très tendue vendredi à Paris pour l'assemblée générale du groupe Alcatel-Lucent. Actualité du groupe : d'un côté, les 12.500 suppressions d'emplois en cours. De l'autre, les presque 6 millions d'euros encaissés par Serge Tchuruk quand il a passé le relais à sa collègue américaine, Patricia Russo, dont la rémunération fait aussi débat. Des syndicalistes ont fait entendre leur colère durant cette AG.

En plein débat sur les parachutes dorés, c'est une assemblée générale houleuse qui s'est déroulée vendredi après-midi pour le groupe Alcatel-Lucent au Palais des Congrès de Paris. Alors que 200 à 300 salariés s'étaient massés à l'extérieur du Palais des Congrès avant le début de l'AG, près d'une centaine de représentants de la CGT et de la CFDT, qui avaient acquis la dizaine d'actions requises pour pouvoir entrer, ont rythmé l'AG de sifflets et huées. Patricia Russo, la directrice générale de l'équipementier télécoms né le 1er décembre, a lu une courte déclaration en français, avant de se livrer à une présentation en anglais, rendue souvent inaudible par les sifflets, mais ovationnée par les actionnaires, tout comme les interventions du président du conseil d'administration, Serge Tchuruk. Les représentants syndicaux ont chanté "J'ai perdu mon boulot, c'est la faute à (la directrice générale) Russo !" et ont crié des slogans tels que "Russo, du boulot", tandis que des actionnaires se bouchaient les oreilles. L'équipementier télécoms franco-américain, né le 1er décembre 2006, compte supprimer 12.500 emplois sur la base du volontariat d'ici fin 2008, sur un total d'environ 80.000. Alcatel-Lucent entend éliminer 1.468 emplois en France, sur un total de 12.700 au 31 mars en intégrant les salariés provenant de Lucent et de Nortel, dont Alcatel-Lucent a racheté les activités UMTS, et en excluant les ex-salariés des activités spatiales cédées à Thales. Jean-Pierre Clavaud, responsable de la CGT, dénonçant une "direction autiste", s'est inquiété de son côté des délocalisations d'emplois. "En même temps qu'elle licencie 12.500 personnes, la direction fait voter des 'golden parachutes'", a-t-il lancé. Les actionnaires ont voté à 89,5% des voix une résolution décriée par les syndicats et certains petits actionnaires, qui accorde à Patricia Russo, en cas de départ du groupe, sa rémunération fixe et variable pendant deux ans, ainsi que ses différents avantages sociaux, de retraite et en nature. La rémunération brute annuelle de Patricia Russo s'élève à 1,2 million d'euros, à laquelle s'ajoute une rémunération variable liée à des objectifs de performance, écrit le groupe dans son document de référence. Les objectifs de performance ne sont pas précisés. Le mandat de Patricia Russo, qui a pris ses fonctions le 30 novembre 2006 à la veille du lancement du nouvel ensemble, court jusqu'en 2010.