"Les 'Blancs' nous ont expliqué qu'on irait à l'école et que quand on serait grand, on aurait des véhicules" : le récit du petit Hamza, âgé d'une petite dizaine d'années, contredit la version défendue par l'ONG l'Arche de Zoé à propos de l'opération d'évacuation ratée de 103 enfants qui s'est terminée en fiasco jeudi dernier sur l'aéroport d'Abéché au Tchad. Pour les humanitaires français, il s'agissait d'extraire des orphelins du conflit du Darfour. Une circonstance atténuante qui aurait pu permettre de justifier cette opération par ailleurs illégale. Dans les faits, les témoignages des enfants indiquent une histoire très différente. Certains parents auraient ainsi donné leur autorisation pour laisser partir leurs enfants.
Tous ne seraient donc pas orphelins, tous ne seraient même pas originaires du Darfour, une région soudanaise frontalière du Tchad. Mais l'enquête sur les origines et la famille des enfants reste extrêmement compliquée. Elle est menée par le Haut commissariat aux réfugiés, l'Unicef et la Croix rouge internationale. Trois entités spécialistes de l'humanitaire et reconnues pour leur sérieux. Leurs psychologues et médecins sont chargés de recueillir la parole des enfants.
Mais le jeune âge des enfants, entre 1 et 9 ans, ainsi que les traumatismes qu'ils ont subi dans leur courte existence rendent difficiles tout travail sur la mémoire. Les humanitaires en sont conscients : il faudra du temps et de la patience pour retracer l'itinéraire de chacun d'eux. Et au-delà déterminer les responsabilités de l'Arche de Zoé. En attendant les suites de l'enquête, les enfants sont hébergés dans un orphelinat. Tous sont en bonne santé.