Ambiance dans les QG de campagne

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Administrator User , modifié à
Les résultats de ce premier tour ont été accueillis avec une liesse contenue par les supporters de Sarkozy dans le 8e arrondissement, avec soulagement et optimisme au siège du PS. Quant à l'ambiance au QG de Bayrou, elle était mêlée de déception mais aussi de fierté et d'espoir.

A l'annonce des scores de ce premier tour, les partisans de Nicolas Sarkozy ont accueilli avec une liesse contenue le résultat de leur candidat. Le candidat UMP est arrivé seul, sans son épouse Cécilia avec laquelle il avait voté à Neuilly. Et une demi-heure seulement après l'annonce des premières estimations, il a lancé un appel au rassemblement sur la scène de la salle Gaveau. En blazers bleus et chemises de marque pour les hommes, jupes chic et colliers de perles pour les femmes, les militants, sont restés calmes pendant le discours, comme l'avait demandé quarante minutes auparavant un membre de l'organisation, qui avait distribué les consignes au micro."Silence pendant le discours, pas de drapeau, pas de banderole ! On veut une salle heureuse mais abstenez-vous de toute manifestation de joie pendant qu'il parle", a lancé l'homme à la foule. La foule est en effet restée presque coite, applaudissant seulement quand son candidat a appelé à un nouveau "rêve français". Les militants ont, à son départ, scandé son prénom puis ont chanté la Marseillaise. Seuls quelques rares soutiens 'people' du candidat UMP avaient fait le déplacement comme le chanteur Enrico Macias, ou encore l'avocat Arno Klarsfeld. Une fois Nicolas Sarkozy parti, certains militants se ruaient vers le buffet, expliquant calmement aux journalistes qu'ils entrevoyaient la victoire. Mais beaucoup aussi ont quitté la salle sur-le-champ sans plus de cérémonie. Côté PS, un cri de joie s'est élevé rue de Solférino à 20 heures lorsque des centaines d'électeurs socialistes ont découvert le visage de Ségolène Royal sur l'écran géant installé devant le siège du parti à Paris."On a enterré 2002, on est de retour", crie un libraire de 58 ans. "C'est une vive émotion parce que je la soutiens depuis le début", explique un militant socialiste de 48 ans, les yeux rivés sur les premières estimations. Un autre, qui scande "Ségolène présidente !", se dit "fier et soulagé". "Maintenant, nous devons tous nous battre ensemble contre Sarkozy. Il joue avec la peur des gens mais Ségolène va gagner", assure-t-il. "Je suis ravie que Ségolène soit au second tour, c'est une première pour une femme en France", souligne Fara Farnoud, une Franco-iranienne de 46 ans. "Ca va être très, très dur", concède-t-elle "On peut espérer que les 18% de Bayrou vont être partagés et on peut compter sur les 8% de la gauche pour que Ségolène passe", ajoute cette cadre. Vers 20h25, l'apparition télévisée de Nicolas Sakozy déclenche des huées. Quelques "peoples" papotent, sourire aux lèvres. La chanteuse Marianne James se dit "très heureuse, très fière". "C'est quand même un grand pas, si on remet les choses en perspective et dans le contexte, une femme au second tour". "Une socialiste, ça fait tellement longtemps qu'on n'avait pas eu une socialiste au second tour, c'est formidable", plaisante-telle. "Ouf, le 21 avril est un peu éloigné". L'acteur Charles Berling se déclare "heureux parce que notre camp va aller au deuxième tour avec un bon score pour Ségolène Royal"."Je suis très optimiste, il faut l'être, je soutiendrai mon camp jusqu'au bout même si nous perdons", plaisante-t-il. Après l'élimination de François Bayrou, la tristesse et la déception se mêlaient à la fierté et à l'espoir rue de l'Université. A 20 heures, alors que les scores des candidats apparaissaient sur l'écran géant à l'entrée du siège de campagne, un bref silence des quelque 300 sympathisants a laissé place aux slogans "Bayrou président !" qui fusaient quelques minutes auparavant. "On s'y attendait un peu, mais c'est lui qui va choisir le prochain président. Ma grande satisfaction est que François Bayrou soit passé devant Le Pen" (environ 11%), assure Céline, en T-shirt couleur de la "révolution orange"."Moi, j'irai à la pêche le 6 mai. Ils n'ont qu'à se débrouiller entre eux l'UMP et le PS", lance Dominique, pour qui "la France a manqué une occasion" de renouveler la politique. Au FN, c'est avec un sourire forcé que Jean Marie Le Pen est apparu avec son épouse Jany devant 200 militants réunis dans une salle du XVe arrondissement parisien. En costume bleu marine et chemise blanche, le leader frontiste est monté sur scène et a regretté, devant des partisans effondrés, que les Français aient préféré « l'apparence du changement au changement lui même ».