Agen : la nomination d'une magistrate crée la polémique

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le palais de justice d'Agen est en ébullition depuis la décision de Rachida Dati, la ministre de la justice, de nommer une nouvelle magistrate à la place du procureur général en poste. Les autres magistrats et fonctionnaires d'Agen ont voté une motion de soutien pour soutenir leur collègue après une décision qu'ils estiment "brutale".

Rachida Dati a décidé de féminiser la magistrature. Illustration de cette volonté à la cour d'appel d'Agen où le procureur général en place va être remplacé, sur décision de la ministre de la Justice et garde des Sceaux, par une magistrate. Selon Rachida Dati, le temps était venu par Bernard Blais, en poste à Agen depuis 13 ans et à huit mois de la retraite, de se voir confier de nouvelles fonctions. Ses collègues du palais de justice ne l'entendent pas de cette oreille. Ils estiment que la décision de Rachida Dati est "brutale".

Les magistrats et les fonctionnaires de la cour d'appel d'Agen ont donc adopté à l'unanimité une motion de soutien vis à vis de leur collègue. Ils ont demandé à Rachida Dati de réexaminer la décision de mutation. Selon eux, "Bernard Blais vient d'apprendre que devant son refus d'accepter -ou plutôt de demander- une mutation avant la fin de la semaine, madame le Garde des Sceaux prendrait la décision de le muter d'office et contre sa volonté à la cour de cassation en qualité d'avocat général à huit mois de sa retraite".

Mais le principal intéressé a démenti mercredi faire l'objet d'une mesure de mutation. Selon lui, un poste d'avocat général à la cour de Cassation lui a été proposé, pour lequel il dispose d'une semaine pour se décider. Pour ses collègues, sous "des prétextes fallacieux, la décision ministérielle de muter Bernard Blais cache mal la volonté des pouvoirs politiques de fragiliser les magistrats du parquet afin de mieux reprendre en main une institution judiciaire dont l'indépendance dérange".

Rachida Dati souhaite instaurer la parité hommes-femmes chez les 35 procureurs généraux français, dont 2 seulement sont déjà des femmes. Le porte-parole de la ministre de la justice a expliqué qu'elle appliquerait cette règle dès les prochains mouvements dans ce corps. Rachida Dati "souhaite que la magistrature soit à l'image de la société" a expliqué son porte-parole.

Fannie Rascle