Affaire Clearstream : nouvelle perquisition chez Villepin

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les juges chargés de l'enquête sur une possible conspiration visant Nicolas Sarkozy à l'aide des faux listings de la société Clearstream ont perquisitionné ce vendredi dans des locaux utilisés par Dominique de Villepin. Ils se sont rendus avec des policiers dans un bureau dont l'ancien Premier ministre a l'usage et qui appartient au ministère des Affaires étrangères. Pour Dominique de Villepin, "la vérité apparaîtra", a-t-il déclaré à la sortie de son bureau vendredi soir.

"Je viens de vivre des moments qui, comme vous l'imaginez, ne sont pas agréables mais je sais que la vérité apparaîtra". Déclaration de Dominique de Villepin à la sortie de son bureau parisien peu après 21 heures vendredi. Un bureau qui a été perquisitionné dans la journée par les juges qui instruisent l'affaire Clearstream. La perquisition a pris fin à 17 heures. Les magistrats Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, accompagnés de policiers, avaient déjà perquisitionné jeudi durant plus de six heures au domicile parisien de Dominique de Villepin, dans le XVIIe arrondissement, en son absence, emportant de nombreux documents dans une valise et des sacoches. Selon Le Monde daté de samedi, ils ont saisi deux documents classés "secret défense". Les magistrats devront faire une demande officielle de déclassification et le ministre de la Défense prendra la décision finale, après l'avis d'une commission administrative spécialisée. Ces perquisitions sont une première judiciaire concernant un ancien Premier ministre. Dominique de Villepin, qui nie toute malversation et était jusqu'ici témoin, est désormais susceptible d'être mis en examen pour "complicité de dénonciation calomnieuse". Ce rebondissement fait suite à la découverte de notes du général Philippe Rondot qui ravivent les soupçons d'une participation de Dominique de Villepin à une machination. Dans les notes, détruites initialement mais retrouvées dans la mémoire de l'ordinateur du général par un expert judiciaire, le militaire rapporte des déclarations de Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, protagonistes du dossier Clearstream. Ces deux derniers lui ont dit que Dominique de Villepin avait suscité la remise en mai 2004 par Jean-Louis Gergorin des faux listings Clearstream, compromettant en apparence Nicolas Sarkozy, au juge de Paris Renaud Van Ruymbeke. L'étape suivante est maintenant l'interrogatoire de Jean-Louis Gergorin, ex-vice président d'EADS, mis en examen pour "dénonciation calomnieuse". Il est programmé le 18 juillet, la veille de celui d'Imad Lahoud, ex-cadre d'EADS et auteur supposé des faux listings. L'Elysée n'a pas commenté ces développements. Nicolas Sarkozy est partie civile dans le dossier depuis janvier 2006 et a maintenu cette position après son accession à l'Elysée. Cette position pourrait à terme poser un problème de droit. En tant que chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy est en effet président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et "garant de l'indépendance de la magistrature", selon la Constitution. Le juge Van Ruymbeke fait actuellement l'objet d'une enquête disciplinaire au CSM en marge de cette affaire. Par ailleurs, le chef de l'Etat, par l'intermédiaire de son ministre de l'Intérieur, a aussi indirectement autorité sur la police, qui mène l'enquête.