C'est un simple contrôle de titre de transport qui est à l'origine des heurts qui ont opposé mardi plusieurs centaines de jeunes à des policiers à la gare du Nord à Paris. Vers 16h15, un voyageur dépourvu de billet est contrôlé par deux agents de la RATP. L'homme âgé de 32 ans se rebelle et blesse les deux contrôleurs. Un groupe de gendarmes qui patrouillait dans la gare dans le cadre du plan Vigipirate interpelle alors l'individu en question et le conduit dans un local de solidarité. Plusieurs dizaines de personnes se sont ensuite rassemblées devant ce local et les affrontements ont commencé, amenant la venue de renforts de police. Selon des témoins, la situation a dégénéré en raison d'une attitude extrêmement musclée des forces de l'ordre. Les émeutiers ont jeté divers projectiles sur les forces de l'ordre, dont des pots de fleurs et des bouteilles vides, selon des témoins. Aux cris de "Sarkozy hypocrite", des jeunes ont expliqué être venus protester contre "les brutalités infligées à un voyageur dépourvu de titre de transport". Ils affirmaient que ce dernier avait eu "la main cassée". Les affrontements se sont poursuivis tard dans la soirée dans la zone de transit de Gare du Nord, entre secteur SNCF et RATP. Environ 200 personnes, présentées par la police comme des marginaux habitués de l'endroit, ont fait face à plusieurs dizaines de policiers. Ce matin sur Europe 1, le nouveau ministre de l'Intérieur François Baroin a donné plusieurs précisions. Le voyageur contrôlé sans billet et qui a été interpellé est un multirécidiviste de 32 ans. Il est impliqué dans 22 affaires différentes et est très bien connu des services de police. François Baroin a ajouté que 13 personnes ont été interpellées. Parlant de " scènes de guérilla urbaine", il a estimé que "les forces de l'ordre ont accompli un travail remarquable". De son côté, Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste, a estimé dans un communiqué que "les affrontements qui se sont produits à la gare du Nord illustrent le climat de tension, le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population". "Le Parti socialiste demande que toute la lumière soit faite sur ces incidents", a-t-il ajouté, en estimant que "les conditions d'un rapport serein et de confiance entre la police et la population doivent être rétablies de toute urgence."