Hadopi : Free en pleine mutinerie

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Free refuse de diffuser les mails d’avertissement à ses abonnés. Mitterrand est agacé.

Quand Free joue les rebelles, les critiques fusent. L’opérateur télécoms refuse toujours de diffuser les mails d’avertissement Hadopi, envoyés aux pirates depuis vendredi dernier. Il se différencie ainsi de tous les autres opérateurs : "ils ont décidé de collaborer, nous nous contenterons juste de respecter la loi" s’est justifié un porte-parole de Free mardi, qui invoque le respect de la confidentialité des "données personnelles".

"La loi est très claire, une convention doit être signée avec l'Etat pour sécuriser les données personnelles de nos clients" a argumenté la directrice de la communication du géant de l'Internet. L'article 8 d'un décret d'application lié à Hadopi, daté du 5 mars, évoque bien une convention qui doit définir des garanties de protection de ces données. Elle n’a pas été signée.

Un risque pour les abonnés ?

La loi Hadopi prévoit que les opérateurs télécoms transmettent à leurs abonnés concernés les mails d’avertissement. Pas prévenus, les internautes pourraient alors risquer une procédure.

C’est en tout cas le point de vue de l’opérateur Numericable, qui s’est montré très agacé par le "coup de com" de son concurrent. "Bloquer les mails de l'Hadopi ne protège en rien les internautes (…) Recevoir un mail de l’Hadopi pour un internaute, c'est d'abord être informé d'un risque de procédure le concernant », a estimé l’opérateur, tentant de récupérer la sympathie des internautes.

Des arguments qui sont similaires à ceux des autorités. La présidente de l’Hadopi, Marie-Françoise Marais, a elle aussi estimé que le fournisseur d'accès Free "portait atteinte aux droits de ses abonnés" en refusant de poster les courriels d'avertissement aux pirates.

Le gouvernement agacé

Pour Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, le choix de Free est "inacceptable". "Cette situation, que le ministre condamne fermement, doit prendre fin dans les meilleurs délais", a exigé le ministère dans un communiqué.

En plus de Frédéric Mitterrand, l'attitude du fournisseur énerve le SNEP. Le Syndicat National de l'édition Phonographique parle d'une "conduite déplorable et inadmissible" dans un communiqué. "C'est une volonté de racoler des internautes qui se livrent à des actes de piraterie" ajoute le syndicat.

Free a tout de même choisi de transmettre à l’Hadopi les adresses IP de ses abonnés qui téléchargent illégalement. Mais, avec une attitude proche de l’obstruction, l'opérateur les a fait porter par courrier, en mains propres, et non par email comme ses concurrents.

Un soutien à l’UMP

Mercredi, le député UMP Alain Suguenot a approuvé la démarche de l'opérateur : "je constate que Free attend d'avoir des garanties quant aux modalités du dispositif, notamment sur la confidentialité des données pour envoyer des courriels. Je ne peux qu'abonder dans ce sens, compte tenu des trop fortes interrogations qui entourent cette procédure d'envois d'avertissements", a lancé l'élu de Côte-d'Or.

Le président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP) est lui allé jusqu’à appeler les "consommateurs à résister" à cette "loi scélérate" en favorisant les fournisseurs, comme Free, qui refuseraient de poster les courriers d'avertissement aux pirates. Evoquant une "insulte au bon sens", M. Dupont-Aignan fait valoir qu'aujourd'hui "plus personne ou presque ne télécharge" car "on écoute sur le net et on regarde en streaming".

Free a-t-il vraiment "tout compris" ?