Une animatrice de France Télévisions condamnée pour avoir employé illégalement une gouvernante mauricienne

La plaignante souhaite également obtenir des indemnités financières
La plaignante souhaite également obtenir des indemnités financières © DAMIEN MEYER/AFP
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La victime de 38 ans était payée 700 euros par mois en liquide pour des horaires extra-larges.

L'animatrice de France Télévisions Carinne Teyssandier et son mari ont été condamnés lundi à six mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende chacun, pour avoir employé illégalement pendant huit mois une gouvernante mauricienne. La chroniqueuse culinaire de "Télématin" (France 2) était jugée à Créteil, dans le Val-de-Marne dans le cadre d'une procédure de "plaider coupable" et était poursuivie pour "emploi d'étranger sans titre de travail", "travail dissimulé par dissimulation de salarié" et "aide au séjour irrégulier d'un étranger en France".

Avec son mari, elle a employé chez elle à Villejuif une gouvernante mauricienne dans l'illégalité entre janvier et août 2015. Le couple l'avait recrutée fin 2014, en passant une annonce dans un journal de l'île Maurice. La victime de 38 ans devait s'occuper de leur bébé, faire les courses et le ménage, contre 700 euros par mois payés en liquide. Sur le papier, elle avait été embauchée comme "assistante opérationnelle" par la société de production de Carinne Teyssandier, pour un salaire de 1.300 euros en théorie. Un contrat que l'employée a expliqué avoir signé "sans le lire", seulement une fois débarquée en France. Arrivée avec un visa touriste, elle n'avait de toute façon pas le droit de travailler.

Esclavagisme moderne. "On est dans un dossier d'esclavagisme moderne", a tonné l'avocate de la plaignante, Anne-Constance Coll, en assurant que sa cliente travaillait "13 heures par jour" au lieu des 20 heures par semaine prévues dans son contrat. Le parquet n'a toutefois pas retenu d'infraction reflétant la soumission à des conditions de travail ou d'hébergement indignes. "C'est tout sauf un dossier d'esclavagisme", a rétorqué Denis Jacquin, l'un des avocats du couple, en contestant les horaires travaillés et en évoquant les "cadeaux" et les "largesses" du couple, qui assure avoir offert entre autres à sa gouvernante un ordinateur et une guitare. "On n'a jamais eu l'intention de lui nuire, de l'exploiter", a juré Carinne Teyssandier devant le juge.

En marge de l'audience, l'animatrice a assuré qu'elle traitait sa gouvernante "comme une membre de la famille", avoir tenté de faire régulariser sa situation et proposé de lui payer un billet retour. Une offre refusée par la gouvernante. Mais "elle était chez moi, elle n'avait pas de papiers, je ne peux pas le contester", a-t-elle admis, en reconnaissant son "laxisme". L'affaire n'est pas terminée. L'ancienne employée compte réclamer des indemnisations financières "d'environ 40.000 euros" devant les prud'hommes, selon son avocate. L'audience civile doit avoir lieu le 26 septembre.