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A.D
Très ému de la disparition de Pierre Tchernia, Pierre Arditi a brossé un portrait tout en finesse de celui qui l'avait dirigé dans le film Bonjour l'angoisse.
TÉMOIGNAGE

En 1988, Pierre Arditi tourne dans le film Bonjour l'angoisse réalisé par Pierre Tchernia, décédé samedi à l'âge de 88 ans. L'acteur a rendu hommage à l'homme de télé et de cinéma, au micro d'Europe 1.

"Il s'entourait de gens qu'il admirait". Pierre Arditi raconte ce tournage qu'il "n'oubliera jamais". "C'était un homme de bonne compagnie. C'était agréable parce que c'était quelqu'un qui pouvait être grave mais qui n'avait pas l'esprit de sérieux. Quand il faisait des films, il s'entourait de gens qu'il admiraient, comme Michel Serrault par exemple." Le comédien cite encore Jean-Pierre Bacri et Guy Marchand. "Il considérait que quand on avait fait une bonne distribution, on avait fait 80% du boulot, un peu comme Hitchcock. Ce qui n'est pas complètement vrai d'ailleurs, mais il était assez exigeant. Il savait ce qu'il voulait obtenir des acteurs et le demandait toujours très aimablement."

"Bienveillant, curieux, atypique". Le comédien compare la manière qu’avait Pierre Tchernia de diriger au cinéma avec la manière dont il dirigeait sa propre vie. "Il y avait quelque chose qui embrassait le monde, qui était bienveillant, curieux, iconoclaste, humoristique et atypique au fond puisque c'est un homme qui a fait beaucoup de choses", poursuit le comédien, avant d'évoquer ses facettes de journaliste, d'homme de cinéma, mais aussi de théâtre. "On le sait moins. Mais c'est comme cela que l'on s'est rencontrés. Il est venu me voir jouer de nombreuses fois." Pierre Arditi se souvient aussi d'un littéraire, qui "a fait partie des inventeurs de la télévision, cette machine devenue peut-être un peu moins brillante aujourd'hui."

"Un galopin". A l'image du film Bonjour l'angoisse, l'acteur décrit encore Pierre Tchernia comme quelqu'un de "caustique. Et critique, mais toujours par le biais de la comédie. Il n'avait pas de leçon de morale à donner, et pas non plus de message à faire passer. Il était un peu comme Capra, qui disait que si on avait un message à faire passer, il fallait s'adresser à la Poste. Lui s'amusait avec ce que le monde pouvait avoir de travers, le monde auquel il appartenait, auquel il a appartenu et auquel il appartient parce que des gens comme ça, pour moi, ça ne meurt jamais", dit-il, très ému. "N'oubliez pas une chose : c'était un galopin et c'est une vertu magnifique qui est en train de se perdre."