Le magazine "National Geographic" reconnaît que ses reportages "étaient racistes"

National Geographic, raciste crédit : capture d'écran Twitter National Geographic - 1280
Le magazine "National Geographic" a fait son mea culpa sur le racisme qu'il a véhiculé. © capture d'écran Twitter National Geographic
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M.R. , modifié à
Dans un éditorial, la rédactrice en chef du magazine "National Geographic" fondé en 1888 revient sur la vision "raciste" véhiculée par la publication pendant des décennies.

"Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes", reconnaît la rédactrice en chef du magazine National Geographic dans un éditorial publié lundi. Après avoir fait étudier par un historien les 130 ans d'archives du journal de reportages pour une édition spéciale sur le concept de "races", le journal reconnaît avoir véhiculé un certain racisme.

De l'ignorance... Pour parvenir à ce constat, le magazine a fait appel à John Edwin Mason, professeur d'histoire de l'Afrique et d'histoire de la photographie à l'université américaine de Virginie, pour faire un "examen de conscience" de la publication. En étudiant les archives du journal fondé en 1888, le spécialiste a fait deux constats.

"Jusque dans les années 1970, National Geographic a quasiment ignoré les personnes de couleur vivant aux États-Unis, ne leur reconnaissant que rarement un statut, le plus souvent celui d'ouvriers ou de domestiques", résume la rédactrice en chef Susan Goldberg.

... aux "sauvages anoblis". "Parallèlement à cela, le magazine dépeignait avec force reportages les 'natifs' d'autres pays comme des personnages exotiques, souvent dénudés, chasseurs-cueilleurs, sorte de 'sauvages anoblis' - tout ce qu'il y a de plus cliché", note l'historien. Pour mieux expliquer son propos, John Edwin Mason donne plusieurs exemples. Il évoque notamment un reportage en Afrique du Sud, publié en 1962, dans lequel les personnes noires sont représentées uniquement comme des domestiques ou des ouvriers et n'ont pas la parole. Dans la légende d'une photo de 1916, le reporter évoque "deux Noirs sud-australiens : ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains." Autre exemple, "les représentations glamour des femmes insulaires du Pacifique".

"National Geographic n'a pas organisé l'émancipation des préjugés". "Les Américains n'avaient en tête que des représentations comme les films de Tarzan et les caricatures grossières et racistes", estime le chercheur dans cet éditorial. "La ségrégation le voulait ainsi. National Geographic n'a pas organisé l'émancipation des préjugés que son autorité aurait permis d'organiser."

Un examen de conscience rude pour la publication mais nécessaire pour que "les prochains rédacteurs en chef de National Geographic puissent être fiers de l'histoire de ce magazine - pas seulement pour les reportages que nous aurons décidé de publier mais aussi pour la diversité de journalistes, rédacteurs et photographes qui les portent", conclut Susan Goldberg.