Frédéric Lopez : "J’étais une sorte de détecteur de bienveillance"

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A.D , modifié à
Après avoir fait le tour du monde à la rencontre de ses habitants, l'animateur souhaite mieux découvrir son propre pays et rêve de réaliser un film.
INTERVIEW

"Freud Lopez", c'est ainsi que Gérard Jugnot a baptisé l'animateur Frédéric Lopez. Le "gentil" du PAF officie cette saison, tous les jours sur France 2 à partir de 14 heures, dans l'émission Mille et une vies. Fidèle à son style, il sonde avec empathie la vie de ses invités. Mais c'est la sienne qui a été passée à la loupe dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie

"Pas un enfant désiré". L'interview n'est, pour lui, "pas un travail. C’est une rencontre, c’est impliquant", mais il se défend d'être psy. "Je n’ai pas de formation pour aider, pas de légitimité", dit-il même si, bien sûr, l'écoute est au centre de ses émissions. Sa bienveillance dans Rendez-vous en terre inconnue ou dans La parenthèse inattendue lui vient de son enfance, pense-t-il. Frédéric Lopez naît quand sa mère avait 17 ans. "Je n’étais pas un enfant désiré, évidemment. Cette relation est unique parce que j’en ai qu’une. C’est quelqu’un que j’adore", dit-il à propos de sa mère.

Pour décrire son père, il évoque quelqu'un de "sévère", avare de compliments. "Depuis quelques années, j’ai pardonné et je sais que mes parents ont fait de leur mieux. Peut-être que mon père n’était pas le père dont je rêvais mais a été un super grand-père", analyse l'homme de bientôt 50 ans. "Comme je n’avais pas connu la bienveillance au début de ma vie, j’étais touché par la boulangère qui disait 'bonjour, comment allez-vous ?'. J’étais une sorte de détecteur de bienveillance, fasciné par les êtres humains."

Photographe de mode. Son sens de l'adaptation, il l'a gardé aussi de son enfance puisque qu'avec le métier de croupier de son père, il déménage à 19 reprises. "Dès fois, on changeait de région, dès fois de ville, dès fois de maison dans la ville. Mon surnom, c’était le nouveau", révèle-t-il. A 20 ans, il vend des beignets sur la plage pour acheter un appareil photo. Comme il ne peut pas se payer les pellicules, il propose aux filles de sa classe de les lui acheter, en échange de photos d'elles, "comme dans les magazines".

A force de jouer au photographe, il devient bon. Une copine emmène son book chez Elite, à Paris. On lui donne un rendez-vous pour un shooting. Son amie lui dit qu'il n’a "rien à perdre, tout à gagner." Le charme opère. Il devient photographe de mode, sans être payé mais en se faisant un book extraordinaire. A 21 ans, il part alors à New York pour apprendre l'anglais et frappe de nouveau aux portes de la mode. Il va d'abord voir les agences moins connues, mais ce sont les meilleurs, Elite et Ford, qui lui donnent sa chance. "Cela aussi c'est une leçon à retenir."

Entendu sur europe1 :
A force d’écouter les gens me raconter leur vie, des fois je regrette de ne pas avoir été là quand ça s’est passé

"Le news, pas pour moi". Ses photos sont publiées à côté de celles de Demarchelier, mais il décide vite de quitter ce milieu, revient en France et passe le concours de l'institut pratique du journalisme. Son premier job est de faire les flashs autoroutiers, puis encore grâce à une rencontre, celle de Jérôme Bellay, créateur de LCI, il devient présentateur de journaux, va notamment à Beyrouth. Il est étonné par la capacité d’adaptation de l'être humain entre les bombardements : "Dans toutes les situations, l’amour continue, l’amitié continue." Mais il avoue : "le news, ce n’était pas pour moi." Trop rapide, trop dur, il se sent affecté. C'est en 2004 que naît Rendez-vous en terre inconnue, où une personnalité est emmenée vers une destination secrète à la découverte d'un peuple.

Oprah Winfrey fan. Le programme, qui nécessite un an par numéro, comble son intérêt pour les autres. "Le succès de l’émission m’a dépassé. J’ai voulu voir le monde et je ne savais pas que j’allais voir des humains moins tristes et moins stressés que nous dans notre société de consommation. Il y a une solitude dans nos sociétés qui n’existe pas dans le désert. J’ai refusé de vendre le concept à l’étranger pour qu’i n’y ait pas plein d’équipes qui débarquent." Mais il pourrait l'adapter pour l'étranger. Il en a d'ailleurs discuté avec Oprah Winfrey. La star américaine de la télé est fan du concept.

"Le bonheur n'existe pas". Désormais, il rêve de se poser un peu en France, ce pays "que je ne connais pas si bien que ça". Il prend aussi du temps pour lui, médite, voit un psychiatre une fois par semaine "parce que je vis beaucoup d’émotions depuis quelques années". Reste un rêve inassouvi : celui de réaliser un film, "de la fiction à partir d’histoires vraies. A force d’écouter les gens me raconter leur vie, dès fois je regrette de ne pas avoir été là quand ça s’est passé." On pourrait croire qu'il est heureux. Mais il conteste. "Le bonheur n’existe pas. En revanche, je suis attentif à la joie et j’essaie de faire en sorte qu’il y en ait."