Italie : ils se taisent pour leur liberté

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
"Journée du silence" dans les médias italiens pour protester contre un projet de loi du gouvernement.

L'Italie est privée d'informations vendredi. La péninsule est quasiment sans journaux, sans télévision ni radio, en raison d'un appel à la grève des journalistes. Ils protestent contre un projet de loi du gouvernement de Silvio Berlusconi limitant les écoutes téléphoniques et leur publication.

Pour la Fédération nationale de la presse (FNSI, syndicat national des journalistes) qui a appelé à cette "journée du silence", il s'agit d'un "geste symbolique pour montrer tous les silences que la loi imposerait". Début juillet, plusieurs milliers de personnes avaient déjà manifesté à Rome contre cette "loi bâillon".

Le projet de loi adopté au Sénat le 10 juin et qui doit être encore approuvé à la Chambre des députés, prévoit jusqu'à deux mois de prison et une amende pouvant atteindre 464.700 euros pour les éditeurs de journaux et médias audiovisuels diffusant des écoutes ou des enregistrements audio et vidéo pendant une enquête judiciaire.

Les fils d’agences se sont tus

Silvio Berlusconi, le président du Conseil, défend ce texte au nom du respect de la vie privée et des droits de la défense. Mais l'opposition de gauche et la majorité des grands médias y voient une tentative de museler la presse et d'empêcher la divulgation d'informations embarrassantes pour le chef du gouvernement.

Vendredi matin à 07 heures, les fils des agences d'information se sont tus. Depuis, les sites internet des quotidiens ne sont plus actualisés. Les sites du Corriere della Sera, de Il Giorno, de La Republica ou de La Stampaaffichent des bandeaux de soutien à la "journée du silence". Sur les chaînes d'information en continu, des programmes pré-enregistrés sont interrompus seulement par le journal de 06 heures qui tourne en boucle et seules deux autres éditions, à la mi-journée et dans la soirée, sont prévues. Sur Rai News 24, un bandeau indique: "grève des journalistes contre la loi-bâillon jusqu'à demain 06 heures".

À l’exception d’Il Giornale

La quasi totalité des journaux sont absents des kiosques à l'exception d'Il Giornale, quotidien appartenant à la famille Berlusconi. Dans une vidéo postée sur le site, son directeur, Vittorio Feltri, explique lui aussi "ne pas être satisfait de la loi-bâillon" mais juge "erroné de se mettre le bâillon tout seul et de se priver du seul moyen qui nous permet de nous tourner vers les lecteurs".

La mobilisation italienne a un écho particulier en France où la presse bruisse au rythme des révélations dans l’affaire Bettencourt. Fin juin, le site Mediapart avait publié le contenu d’écoutes clandestines sur l’héritière L’Oréal.