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Marius entame sa vie d'adolescent en faisant des petits braquages pour s'engager ensuite dans les commandos marine.

Marius, ancien commando marine et auteur de « Marius – parcours commando »

Vous ne donnez jamais votre vraie identité?

« Non. Marius, c'est mon pseudo. Mon prénom, c'est Alain, voilà. »

Ce mystère est évidemment lié à votre vie mouvementée, que vous racontez dans ce livre. Enfance à l'assistance publique à Marseille, adolescence au commissariat, petit délinquant, et puis un jour la révélation, vous devenez commando marine. Je reviens à votre adolescence, au début des années 80, dans les quartiers Nord de Marseille, puis à Vitrolles. Qui était votre idole à l'époque ?

« J'avais des idoles, pas les bonnes, mais c'est vrai que j'étais assez attiré par Al Pacino dans Scarface. C’était des idoles, pas les bonnes peut-être, mais c’était celles-là. »

Votre vie à l'époque, pas tellement à l'école. Vous êtes beaucoup à l'extérieur, et vous faites pas mal de bêtises...

« On est entrainé par ses camarades, ses copains. On fait des petites bêtises, je prends le chemin de la petite délinquance. L'école, je la fréquente, mais je suis beaucoup plus dehors qu’à l’école… On joue les gros bras, c'est un phénomène de camarades, on est ensemble et on a des objectifs qui ne sont pas les bons. »

Vous aimiez braquer les receleurs, c'est plus pratique car il ya tout chez eux...

« Alors, pas que les receleurs. Je raconte une anecdote sur un receleur de quartier, quelqu'un qui n'est pas très sain. C'est ce qui va me motiver pour faire ce que je vais faire. J’ai l'impression de ne pas faire le mal, parce que je vais m'attaquer à quelqu'un qui n'est pas très clair au départ… Ce receleur, on va aller le visiter avec 3 camarades, on va aller l'impressionner, le molester un peu pour récupérer chez lui un peu de monnaie. »

Vous vous lancez dans la contrebande de pignons de pain...

« On me donne ce tuyau, je me lance dans cette contrebande. Je commence par une belle étude commerciale, je visite toutes les boulangeries de la région marseillaise. C’était un bon argument pour vendre ça aux boulangers ! »

Un jour, vous êtes en voiture avec vos complices. La police vous arrête, le premier interrogatoire est très musclé, vous vous battez avec le policier. Mais il y en a un autre qui va changer votre vie…

 

« C’est la première fois qu’un adulte s’adressait à moi avec respect, politesse. Il m’a fait comprendre que j’avais peut-être une chance de m’en sortir, une fenêtre devant moi. C’était de devancer l’appel pour mon service militaire : il m’a demandé de postuler pour l’engagement. Ses paroles m’ont poussé à suivre ce conseil. A Lorient, je ne me suis pas fait « mater », mais on m’a valorisé, appris des valeurs, on m’a pris comme j’étais, on m’a donné des règles, des limites, un axe à suivre. J’ai adhéré de suite à l’institution, ça m’a sauvé ! »

« Je suis peut-être un peu différent des autres : arriver là-bas était une rédemption pour moi ! Peu importe ce qu’on me faisait endurer sur le plan physique, psychologique : je ne posais pas de limite à la couleur, ça m’a aidé à me construire. Arriver chez les fusiliers marins, c’était comprendre les valeurs, les respecter, comprendre ce mot, le respect de soi-même, le respect des autres. »

« Les opérations que j’ai mené, je n’en dirai rien. On appelle ça le besoin d’en connaître ! Il y a une clause confidentielle, on n’a pas à s’étaler là-dessus, c’est une marque de respect pour les camarades, pour l’institution. Je reste comme les 177 bérets verts : ils racontent uniquement des anecdotes ! »

Pensez-vous que c’était une mauvaise chose de supprimer le service militaire obligatoire ?

« Pour moi, oui ! Ca permettait de mélanger tous les genres, toutes les classes sociales, ça permettait parfois de déceler les individus à problème. C’était une étape dans la vie d’un homme ; comme la scolarité. Il permettait d’embrayer sur la vie d’adulte et la vie professionnelle. Mais aujourd’hui, l’armée, ça peut toujours être une solution pour des jeunes en difficulté. »