Woerth : "La présomption d'innocence est extrêmement importante"

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SAISON 2013 - 2014, modifié à

Après la garde-à-vue de Claude Guéant qui n'aura pas de suite, Eric Woerth rappelle que "ce n'est pas parce qu'on est auditionné qu'on est coupable de quoi que ce soit".

Eric Woerth, député UMP de l’Oise et ancien ministre du Budget

Ses principales déclarations :

 

Après la garde à vue de Claude Guéant et Michel Gaudin, est-on soulagé à l'UMP ?

"En tout cas, moi je... Je ne connais pas le fond de l'affaire, mais la présomption d'innocence est extrêmement importante, je ne vais pas dire le contraire. Et puis ils ont été tous les deux haut-fonctionnaires pendant très longtemps avec de grandes qualités de travail. Sur le fond de l'affaire, je ne sais pas... Ce n'est pas parce qu'on est auditionné par la Justice qu'on est coupable de quoi que ce soit. On a le droit de s'expliquer. Je pense que Claude Guéant comme Michel Gaudin l'ont fait."

 

Deux proches de Nicolas Sarkozy. L'enquête est judiciaire ou politique, selon vous ?

"Je n'en sais rien. Je vois que l'on prête toujours beaucoup à tout le monde. On s'acharne beaucoup sur l'ancien gouvernement et l'opposition d'aujourd'hui. Je n'en tire pas de conclusion."

Vous ne vous dites pas qu'il y a des arrière-pensées politiques qui viseraient quelqu'un ?

"Il y a toujours beaucoup d'arrière-pensées aujourd'hui en France. D'ailleurs il y a plus d'arrière-pensées que de pensées, c'est assez dangereux pour notre pays..."

 

A votre époque, les ministres attribuaient-ils à leurs cabinets des récompenses, des compensations ?

"Non non, pas du tout. Absolument pas. Ça n'existait pas."

Guéant et Gaudin ont-ils votre soutien et en tout cas votre confiance ?

"Oui ! Ce sont deux hommes de grande qualité, de grand talent, qui ont servi l'Etat à un très haut niveau. Ils ont toujours été sensibles à l'intérêt public. La présomption d'innocence est quelque chose de majeur dans notre pays, vous savez. C'est vrai pour tout le monde, du puissant au plus faible."

Si Claude Guéant voulait venir assister aujourd'hui à votre séminaire...

"Il est réservé à l'équipe dirigeante de l'UMP, qui se réunit tous les mardis matins. Claude n'en fait pas partie, mais il pourrait le faire."

Il serait le bienvenu ?

"C'est comme un Conseil d'administration, il y a une liste de gens qui en font partie... C'est ceux-là qui sont convoqués aujourd'hui pour parler du séminaire de l'UMP."

Vous avez été trésorier de l'UMP, ministre du Budget. Il y avait des caisses noires ?

 

"Des caisses noires ? De qui, de quoi, de où ? Je ne comprends même pas votre question."

Ne pensez-vous pas que dans certains cas on s'est servi de l'argent public à des fins partisanes ou pour servir des intérêts particuliers ?

"Si on dit ça, c'est d'abord honteux, ça mérite une procédure en diffamation. Je pense qu'il y a une très grande transparence aujourd'hui dans la gestion de l'UMP. Les caisses de l'UMP sont plutôt vides que noires !"

 

Séminaire UMP sur l'économie et le social. La priorité pour vous, c'est la lutte contre le chômage. Vous promettez que vous feriez mieux que le gouvernement Ayrault...

"Je l'espère ! On ne peut pas faire pire que le gouvernement Ayrault ! La France descend les marches de l'escalier tous les jours. Le gouvernement recule sur tous les sujets. Il est logique et normal que l'UMP dans un séminaire essaie ensemble d'aboutir à un socle de solutions, de mesures d'urgences à prendre pour répondre à la situation d'urgence dans laquelle est notre pays !"

Des mesures d'urgence pour dans 3 ans...

"Des mesures d'urgence à tout moment ! Sur vos plateaux, vous nous dites sans arrêt qu'on ne propose pas, qu'on conteste... Effectivement, on conteste la politique menée car elle est catastrophique pour la France mais en même temps il faut qu'on propose ! L'idée, c'est de proposer ensemble."

L'UMP promet de baisser les dépenses publiques pour baisser les impôts... De combien ?

"Aux alentours d'une centaine de milliards d'euros. C'est un principe de base ! Les impôts sont trop élevés. Quelle que soit la référence que nous prenons, les pays de l'OCDE, l'Allemagne, la zone euro, on dépense 100 à 150 milliards parfois même plus que ces pays-là, et en même temps le niveau de fiscalité est intolérable ! Le ras le bol fiscal dénoncé par le gouvernement lui-même est perçu dans toutes les catégories de la population, et chez toutes les entreprises. Il faut d'abord baisser les dépenses, et après baisser les impôts, c'est un principe !"

Vous parlez comme Laurent Fabius dimanche sur Europe 1...

 

"Laurent Fabius sur Europe dimanche, il était prêt à prendre sa carte à l'UMP ! C'est très bien, je l'invite au séminaire d'ailleurs. Il a sûrement beaucoup d'idées. Une invitation exceptionnelle..."

Vous proposez la sortie définitive des 35h. Et pour Etat, hôpitaux, collectivités locales et Sécurité sociale, le passage à 39h.

"On voit bien que le volume de travail en France n'est pas suffisant ! 35 heures, on paie encore la décision de Martine Aubry et du gouvernement socialiste de l'époque. On la paie par du chômage supplémentaire ! Il faut pouvoir travailler plus en France pour créer plus de richesse. 35h, c'est un plafond bas et il faut que dans les entreprises, dans les branches, on puisse négocier un peu mieux."

Pour les retraites : âge légal repoussé à 65 ans pour 2023...

"Ce sont des idées qui circulent depuis longtemps à l'UMP, nous allons les mettre sur la table tout à l'heure pour essayer d'obtenir un consensus au sein de l'UMP et le présenter à nos militants. 65 ans, j'ai fait la réforme des retraites qui a mené à 62 ans en 2017, l'idée c'était de poursuivre évidemment cela. 65 ans, ce n'est pas honteux dans un certain nombre de pays ! Regardez en Allemagne : ils viennent de se mettre d'accord entre SPD et CDU pour qu'on puisse prendre sa retraite à 63 ans après 45 ans de cotisation ! Sinon on passe à 65 ans en Allemagne. Ce n'est pas choquant. La réforme de Mme Touraine n'est pas une réforme des retraites ! Le gouvernement contourne tous les sujets difficiles."

Vous fusionnez région et département, communes et intercommunalités...

"Ca fait des économies et une rapidité de décision. C'est la suppression du mille-feuilles ! Un empilement de collectivités locales avec probablement trop d'élus, trop de fonctionnaires et trop peu de décisions ! C'est un ralentisseur de croissance, ce mille-feuilles ! Il faut tout faire pour rétablir confiance et croissance, c'est l'objectif de l'UMP aujourd'hui."

Vous ne réformez pas l'aide médicale d'Etat accordée aux étrangers en situation irrégulière...

"Si, bien sûr ! Ça viendra. C'est un séminaire de deux heures et demi, on ne va pas évoquer tous les sujets. On doit aboutir à 10 ou 15 mesures d'urgence, fortes, non pas pour changer la courbe du chômage en fin d'année mais pour durablement inverser la courbe du chômage dans notre pays."

A qui destinez-vous ce projet UMP ? Copé, Bertrand, Fillon, Sarkozy ?

"A toute l'UMP ! C'est un exercice collectif. On nous reproche la compétition, la guerre des chefs : on a un exercice collectif, on aura un socle commun de mesures d'urgence. Après, chacun le commentera ! C'est un exercice salutaire pour l'UMP et pour la France."

 

Ils seront tous là sauf un... Nicolas Sarkozy...

"Il ne fait pas partie de l'équipe dirigeante de l'UMP ! Ou alors c'est un scoop. En tout cas, c'est un bel exercice collectif où l'on pourra montrer aux Français que l'UMP est vivante et responsable. Un exercice de courage."