"Volonté d'Assad de déstabiliser le Liban"

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Pour Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient, l'attaque de vendredi a été commanditée par Damas.

Au lendemain d'un attentat qui a tué le chef des renseignements de la police, Wissam al-Hassan, à Beyrouth, l'opposition appelle le gouvernement à démissionner en raison de la présence de membres du Hezbollah dans l'équipe, le parti politique allié de Damas en Syrie.

Mais le Premier ministre libanais Najib Mikati a annoncé qu'il restait à son poste à la demande du chef de l'Etat et dans "l'intérêt national" du pays. "J'ai assuré au président de la République que je n'étais pas attaché au poste de chef de gouvernement. (Il) m'a demandé de rester car il ne s'agit pas d'une question personnelle mais de l'intérêt national", a-t-il dit.

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Si l'attaque n'a pas été revendiquée, c'est bien Damas qui est accusée par l'opposition libanaise. Son chef, l'ancien premier ministre Saad Hariri, s'est exprimé sur la chaîne américaine CNN, vendredi soir. "Nous avons toujours dit que Bachar el-Assad avait assassiné Rafic Hariri et aujourd'hui nous l'accusons d'avoir tué Wissam al-Hassan", a-t-il déclaré.

Des preuves sur l'assassinat de Rafic Hariri

"Wissam al-Hassan l'a payé de sa vie. Il avait récupéré des preuves. Il avait démontré que le régime de Bachar el-Assad voulait mener des attentats et des assassinats au Liban", poursuit l'ancien Premier ministre. "Ce régime syrien est en train d'assassiner ses propres citoyens et il ne s'arrête pas là, nous savons tous que les menaces qui pesaient ces derniers temps sur Wissam al-Hassan venaient des soutiens du régime de Damas"

Pour Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient, "les indices laissent penser que la main de Damas est présente derrière cet attentat". "On voit bien cette stratégie de Bachar el-Assad qui essaie de détourner l'attention de ce qui se passe dans son pays en exportant le conflit à l'extérieur", a-t-elle estimé, samedi midi sur Europe 1.

"Ce qui est frappant dans cet attentat, c'est de voir la nature de la personne qui a été visée par l'attaque : une personnalité qui était proche de l'enquête autour de l'assassinat de Rafic Hariri (l'ancien Premier ministre)", a estimé Agnès Levallois, ajoutant qu' "on voit bien que cette personnalité est victime de la volonté de Bachar el-Assad de déstabiliser le Liban".

L'attaque de vendredi rappelle les années noires du Liban qui a connu une vague d'attentats entre 2055 et 2008.