VIDEO - Berlusconi se dit "persécuté"

La Cour de Cassation a confirmé jeudi la condamnation à la prison de l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.
La Cour de Cassation a confirmé jeudi la condamnation à la prison de l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
La plus haute juridiction italienne a confirmé jeudi la condamnation pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset.

L'INFO. Tout n'est pas si noir pour Silvio Berlusconi. Si la peine de prison pour fraude fiscale de l'ex-président du Conseil italien a bien été confirmée jeudi par la cour de Cassation, la plus haute juridiction italienne a décidé de faire rejuger en appel son interdiction d'exercer une fonction publique pendant cinq ans. Il s'agit néanmoins de sa première condamnation définitive. Depuis son entrée en politique en 1994, il avait eu de nombreux démêlés judiciaires mais a toujours soit bénéficié de la prescription soit avait été acquitté.

"Persécuté".Sans surprise, Silvio Berlusconi a contesté cette décision, se disant "persécuté" par les juges. "Je n'ai jamais mis sur pied un système de fraude fiscale. Je suis fier d'avoir contribué à la richesse du pays en versant des milliards d'impôts à l'Etat italien", s'est défendu le Cavaliere. "Cette condamnation est dénuée de tout fondement et me privera de ma liberté et de mes droits politiques", a affirmé l'ex-chef de gouvernement dans un message vidéo, dénonçant "un véritable acharnement judiciaire sans égal".

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De quoi est-il coupable ? Toute cette affaire Mediaset a pour origine l’acquisition de droits TV par sa compagnie audiovisuelle. Par ce jugement, le "Cavaliere" a été reconnu coupable d'avoir artificiellement gonflé le prix des droits de diffusion de films, achetés par des sociétés écrans lui appartenant, lors de leur revente à son empire audiovisuel Mediaset. Le groupe aurait ainsi constitué des caisses noires à l'étranger et réduit ses bénéfices en Italie pour payer moins d'impôts. Silvio Berlusconi était "au sommet de la chaîne de commandement dans le secteur des droits télévisés jusqu'en 1998", selon le procureur.

Va-t-il aller en prison ? Dans cette affaire, Silvio Berlusconi avait été condamné en première instance et en appel à quatre ans de prison, dont trois couverts par une amnistie. Après la décision de la cour de Cassation, il ne devrait toutefois pas aller en prison en raison de son âge (76 ans). L'ancien président du Conseil pourrait effectuer sa peine par le biais d'un travail d'intérêt général ou bien assigné à résidence. Il y a quelques jours, il a pourtant affirmé qu'il tenait à aller en prison si sa condamnation était confirmée."Je ne partirai pas en exil, comme Bettino Craxi (le président du Conseil italien de 83 à 87 qui s'était enfui en Tunisie, ndlr) a été forcé de le faire. Je n'accepterai pas non plus d'être remis entre les mains des services sociaux comme un criminel qui doit être rééduqué", a-t-il dit au journal libéral milanais Libero.

Une interdiction de fonction publique ? En revanche dans l'autre volet sur lequel la cour de Cassation devait se prononcer, à savoir l'interdiction d'exercer une fonction publique pendant cinq ans, la plus haute juridiction italienne a préféré renvoyer cette décision devant la cour d'appel de Milan. Ce qui permet au "Cavaliere" de conserver pour l'instant son siège de sénateur.

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Des conséquences politiques ? La décision de la Cour de cassation commence déjà à semer le trouble tant au sein du Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, qu'au Parti démocrate (PD), le principal parti de gauche, et donc au gouvernement de coalition gauche-droite d'Enrico Letta. Une partie de la gauche pourrait juger impensable de continuer à gouverner avec le parti d'une personne condamnée et provoquer de nouvelles élections. "Il n'est pas possible d'imaginer que le PD puisse rester allié du parti de Silvio Berlusconi", a immédiatement réagi Nichi Vendola, chef du petit parti de gauche SEL, proche du PD.

Plus prudent mais méfiant, le chef du PD, Guglielmo Epifani, a assuré que son parti "suivra avec attention le comportement du PDL", appelant la droite à "un comportement responsable (...) nécessaire dans une phase de crise grave comme celle que traverse le pays". "L'arrêt de la Cour de cassation ne donne pas de sérénité à notre pays, qui a un besoin absolu de stabilité gouvernementale et de réconciliation nationale", a déploré pour sa part Sandro Bondi, coordinateur national du PDL. Le président de la République, Giorgio Napolitano, a invité les Italiens à la "sérénité" et à la "cohésion" après l'annonce du jugement.  Le chef du gouvernement italien Enrico Letta a appelé jeudi soir à la "sérénité" et au "respect de la magistrature et de ses décisions".

Sa fille pour le remplacer ? Selon ses partisans, Silvio Berlsuconi continuera à diriger le parti qu'il a fondé. Mais certains observateurs s'attendent à ce que sa fille aînée Marina, 46 ans, qui préside sa holding Fininvest, le remplace à la tête du PDL.