Dimanche sanglant au Venezuela, qui élit sa Constituante

© RONALDO SCHEMIDT / AFP
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avec AFP , modifié à
Plusieurs morts (dont deux mineurs) sont à déplorer alors que les Vénézuéliens sont appelés à se prononcer sur les membres de la future Constituante.

C'était attendu : le Venezuela a connu une journée de forte violence, dimanche. Plusieurs personnes (dont deux mineurs et un dirigeant de l'opposition) ont été tuées lors de manifestations contre la Constituante, quelques heures avant le début du vote pour élire les membres de cette assemblée contestée. Au moins quatre militaires ont par ailleurs été blessés dans une explosion à Caracas, la capitale du pays. Et un candidat à l'Assemblée constituante a été assassiné à son domicile dans la nuit.

Deux opposants tués par balle en deux jours. Ricardo Campos, 30 ans et l'un des cadres de l'opposition à Nicolas Maduro, a été tué par balle à Cumana, dans l'Etat de Sucre, dans le nord-est du pays, selon le député de l'opposition Henry Ramos Allup, ancien président du Parlement. Les circonstances de sa mort n'ont pas été précisées par le Ministère public. Le parquet a également annoncé la mort d'un autre opposant, Marcel Pereira, 38 ans, durant une manifestation samedi dans l'Etat de Merida (ouest).

Deux mineurs et un militaire tués. Trois hommes de 28, 39 et 43 ans ont également été tués par balles dimanche lors de diverses manifestations, dans les Etats de Mérida (ouest) et Barquisimeto (ouest). Deux adolescents de 13 et 17 ans ont aussi été tués dimanche par balles durant une protestation. Ces deux décès sont survenus dans l'Etat de Tachira (ouest), frontalier avec la Colombie, où un militaire a été abattu peu avant au cours d'une manifestation, a précisé le Ministère public.

Quatre autres militaires blessés dans une explosion. Au moins quatre membres des forces de l'ordre ont par ailleurs été blessés dimanche par un engin explosif lors d'un affrontement avec des manifestants de l'opposition à Caracas, a constaté l'AFP. L'explosion s'est produite sur une avenue du quartier chic d'Altamira, où des dizaines d'opposants protestaient contre l'élection dimanche d'une Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro, rejetée par ses adversaires. L'un d'eux avait la jambe en flammes, alors que deux motos brûlaient à terre.

Deux candidats assassinés en moins d'un mois. Dans la nuit de samedi à dimanche, c'est un candidat à l'Assemblée constituante, José Felix Pineda, un avocat de 39 ans, qui avait été assassiné à son domicile. "Un groupe" avait fait irruption chez lui et lui avait tiré dessus à plusieurs reprises, avait alors indiqué le Ministère public sans évoquer de motifs. Il s'agissait du deuxième candidat assassiné. Le 10 juillet, José Luis Rivas avait en effet été abattu en pleine campagne électorale dans la ville de Maracay (centre-nord).

La Constituante de la discorde

Le scrutin pour désigner les 545 membres de l'Assemblée constituante, voulue par le président socialiste Nicolas Maduro, a débuté dimanche à 06h heures locales (10H00 GMT) dans un climat tendu et Nicolas Maduro a été le premier à voter dans un bureau de l'ouest de Caracas, accompagné de son épouse Cilia Flores et de plusieurs dirigeants. L'opposition, qui boycotte cette élection, a appelé à un rassemblement massif dimanche dans la capitale, ainsi qu'à dresser des barricades dans tout le pays bien que le gouvernement ait menacé de jusqu'à dix ans de prison ceux qui feraient obstacle au scrutin. Nicolas Maduro et sa Constituante ont le soutien des pouvoirs judiciaire et militaire. Mais plus de 80% des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion du pays et 72% son projet, selon l'institut de sondages Datanalisis.