Tunisie : un manifestant tué lors de heurts

La police tunisienne a lancé des gaz lacrymogènes à Kairouan.
La police tunisienne a lancé des gaz lacrymogènes à Kairouan. © REUTERS
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A. Wemaere avec agences , modifié à
Le Premier ministre a qualifié de "terroriste" le groupe salafiste Ansar Ashariaa jugé responsable.

L'info. Des affrontements ont éclaté dimanche entre militants salafistes et forces de l'ordre à Tunis et à Kairouan. Un manifestant a trouvé la mort lors ces heurts. A l'origine, la raison de la colère des salafistes était l'interdiction par le pouvoir vendredi du congrès du mouvement islamiste radical Ansar Ashariaa, proche d'Al-Qaïda, qui devait se tenir ce dimanche à Kairouan.

Le Premier ministre tunisien, issue du parti Ennahda, a qualifié de "terroriste" le groupe salafiste Ansar Ashariaa, jugé responsable des heurts dimanche à Tunis. "Ansar Ashariaa est une organisation illégale qui défie et provoque l'autorité de l'État", a déclaré Ali Larayedh à la télévision publique en marge d'un déplacement au Qatar.

Quel bilan ? "Quinze policiers ont été blessés, trois grièvement dont un en réanimation. Trois manifestants ont été blessés et un est mort", a déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui. L'hôpital Mongi Slim a précisé que le manifestant, Moez Dahmani né en 1986, avait été tué par balle.

Qu'est ce qui a mis le feu aux poudres ? Les autorités tunisiennes ont interdit vendredi au mouvement salafiste jihadiste Ansar Ashariaa de tenir leur congrès à Kairouan, à 150 km au sud de Tunis. "Nous avons décidé d'interdire ce rassemblement en raison d'une violation de la loi et de la menace qu'il représente pour la sécurité et l'ordre public", a indiqué le ministère dans un communiqué. Le ministre de l'Intérieur avait indiqué qu'aucune demande d'autorisation n'avait été présentée par Ansar Asshariaa, ce dernier ne reconnaissant pas l'autorité de l'Etat. Dès lors, le mouvement a appelé ses partisans à se rassembler dimanche dans une banlieue de Tunis. C'est là que les heurts ont éclaté. Des affrontements ont aussi eu lieu à Kairouan, bouclée par la police pour empêcher la tenue du congrès.

A Tunis. Les heurts ont commencé dimanche midi à la Cité Ettadhamen, en banlieue ouest de Tunis. Des centaines de salafistes, qui ont érigé des barricades à l'aide de pneus en feu dans les rues de ce quartier, jetaient des pierres sur les policiers qui répondaient par des gaz lacrymogènes et des tirs de sommation. Des blindés de la garde nationale sont arrivés en renfort ainsi que des camions de l'armée tunisienne pour tenter de disperser les militants salafistes. Un homme manifestant a été tué lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.

A Kairouan. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de jeunes manifestants qui leur lançaient des pierres. La plupart des commerçants de Kairouan, anticipant des violences, avaient fermé boutique. 

Un contexte tendu. La Tunisie a vu depuis la révolution de 2011 se multiplier les violences orchestrées par la mouvance salafiste. Et Ennahda, le parti islamiste désormais au pouvoir, a longtemps été accusé de laxisme pour avoir toléré ces groupuscules. Il a cependant considérablement durci sa position après que seize militaires et gendarmes ont été blessés fin avril et début mai par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l'Algérie. Ansar Ashariaa est considérée comme l'organisation islamiste la plus radicale apparue en Tunisie depuis la "révolution du jasmin" qui a renversé le régime du président Zine ben Ali. Ansar Ashariaa accuse de son côté Ennahda de mener une politique anti-islamique et a menacé de "guerre" le gouvernement.