Syrie : Assad dénonce une "conspiration"

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avec agences , modifié à
C’est la première intervention publique du président syrien depuis le début de la contestation.

"C'est un moment exceptionnel qui apparaît comme un test de notre unité", s’est exclamé le président syrien Bachar al Assad, dès le début de son discours mercredi, retransmis en direct à la télévision nationale. C’est en effet la première fois que le chef d’Etat s’exprime depuis le début de la contestation sans précédent qui frappe son pays depuis le 15 mars.

Une contestation qualifiée par Bachar al Assad, au pouvoir depuis 11 ans, de "conspiration" contre la Syrie. Il accuse en effet une "minorité" de tenter de semer le chaos à Deraa, ville du sud du pays, théâtre de sanglants affrontements depuis deux semaines. Mais le dirigeant syrien a assuré que la population de Deraa parviendrait à venir à bout des contestataires.

Bachar al Assad évoque un complot :

Au lendemain de la démission du gouvernement de Mohammad Naji Otri, en place depuis 2003, Bachar Al Assad a voulu montrer à son peuple qu’il gardait la main sur la politique nationale. Pour lui, les récents événements ont prouvé "l’unité" de la Syrie. Le président syrien a également souligné que son gouvernement n’était pas hostile aux réformes. Avec deux priorités : la lutte contre la corruption et le chômage.

La France et les Etats-Unis déçus

Mais, de tout le discours, qui a duré près d’une heure, Bachar al Assad n’a pas mentionné la levée de l’état d’urgence, en vigueur dans tout le pays depuis 1963. Un manque parmi d'autres qui n'a pas convaincu la communauté internationale. "Il est bien plus facile de s'en remettre à des théories du complot (que de) réagir de manière significative aux appels en faveur de réformes", a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d'Etat américian. "Nous nous attendons à ce que (le peuple syrien) soit déçu. Nous avons le sentiment que le discours n'a pas été à la hauteur des réformes que réclame le peuple syrien ni de ce qu'avaient laissé entendre les propres conseillers du président Assad. Il est évident à nos yeux qu'il n'y avait pas vraiment de contenu dans ce discours."

Même déception à Paris. "C'est un discours très général. Je ne suis pas sûr qu'il réponde véritablement aux attentes et je dirais même à la colère du peuple syrien. Il faut aujourd'hui des propositions concrètes pour répondre aux aspirations de ce peuple", a déclaré Alain Juppé France 3. "Nous appelons vivement les autorités syriennes à aller dans ce sens", a ajouté le ministre des Affaires étrangères en rappelant que la France condamnait "avec la plus grande vigueur l'utilisation de la violence contre les manifestations populaires. Aujourd'hui ceci n'est plus acceptable où que cela se produise. Les gouvernements ne doivent plus utiliser des armes contre leur population lorsqu'elle s'exprime pour demander des libertés démocratiques"