Sida : les antirétroviraux limitent la transmission

© MAXPPP
  • Copié
avec AFP et Anne Legall , modifié à
Lorsqu'on traite tôt des personnes séropositives, cela réduit de 96% le risque de transmission.

Trente ans après le début de l'épidémie de sida, un essai clinique international publié jeudi aux Etats-Unis démontre qu'un traitement précoce avec des antirétroviraux élimine quasiment le risque de transmission par des personnes séropositives.

L'essai a été mené aux Etats-Unis sur plus de 3.000 personnes (1.763 couples) et il en ressort que lorsque l'on traite très tôt des personnes séropositives avec des antirétroviraux, cela réduit de 96% le risque de transmission du VIH à un partenaire "sain".

"Une excellente nouvelle"

"C'est une excellente nouvelle", souligne le Dr Myron Cohen, de l'Université de Caroline du Nord (sud-est), qui a dirigé l'étude. "Cet essai clinique montre de façon convaincante que traiter des séropositifs avec des antirétroviraux au plus tôt peut avoir un impact majeur pour réduire la transmission du VIH", s'est également félicité le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses aux Etats-Unis, organisme qui a financé l'étude. "Les précédentes données sur le potentiel des antirétroviraux pour réduire la contagion d'un séropositif provenaient seulement d'études observationnelles ou épidémiologiques", explique-t-il.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Onusida se sont réjouies de ces résultats. "Cette percée scientifique change considérablement la donne et assurera l’avancement de la révolution de la prévention. Elle place le traitement anti-VIH au rang des nouvelles options de prévention prioritaires", a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (Onusida).

Fin de l'étude en 2015

Lancé en 2005, l'essai devait se conclure en 2015 mais a été arrêté après les résultats très concluants révélés par une analyse intermédiaire. Au moment de leur participation à l'étude les sujets séropositifs (890 hommes et 873 femmes) avaient un taux de lymphocytes T, des globules blancs, -une mesure clé de la santé du système immunitaire- entre 350 à 550 par millimètres/cube de sang, la normale étant de 500 à 1.450.

Chez les couples dont le conjoint séropositif a pris une combinaison de trois antirétroviraux, seul un cas de transmission a été constaté, contre 27 dans le groupe témoin.

Les chercheurs soulignent que ces résultats interviennent dans des couples séro-différents et "qu'on ne peut pas généraliser ces résultats à la population dans son ensemble", notamment chez des patients séropositifs "qui ont de nombreux partenaires et pas la même constance dans leur traitement".

Le sida a fait plus de 25 millions de morts et plus de 60 millions de personnes ont été contaminées par le VIH depuis le premier décès documenté en 1981.