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A.D
Ancien ambassadeur de France à Washington, François Bujon de l’Estang juge probable que Donald Trump lui-même pense avoir perdu l'élection.
INTERVIEW

Il faut encore attendre un petit peu plus de quinze jours pour savoir qui sera le 45e président des Etats-Unis. Trump ? Clinton ? L'élection est-elle déjà jouée ? François Bujon de l’Estang, ancien ambassadeur de France à Washington, était invité d'Europe 1, dimanche, dans l'émission C'est arrivé demain pour partager son analyse, au moment de la "dernière ligne droite".

"Outrepassé la dernière des lignes rouges". Donald Trump avait, jadis, contribué à la campagne de Bill Clinton et avait été invité au mariage de la fille des Clinton, Chelsea. En d'autres termes, il est une vieille connaissance des Clinton. Pourtant, le candidat républicain n'a pas hésité à "être ordurier, outrancier, à porter des attaques personnelles contre Hillary Clinton. Il lui a dit qu'il la mettrait en prison s'il était élu président. Il est quand même allé très loin", résume l'ancien ambassadeur. Mais en se réservant la possibilité de contester l'issue de l'élection, "il a vraiment outrepassé la dernière des lignes rouges en mettant en cause le fonctionnement de la démocratie américaine."

Mise en cause des institutions. En 2000, rappelle François Bujon de l’Estang, dans l'élection Bush contre Ghor, les Américains, très confiants dans leurs institutions, avaient patiemment attendu le recomptage des voix de l'Etat de Floride. "Que Monsieur Trump mette en cause ces institutions est très dangereux, le fonctionnement démocratique, le fair-play du jeu politique d'une façon générale est extrêmement dangereux. C'est vraiment le tabou ultime qu'il a brisé."

Gagner grâce à la défaite du concurrent. Cette annonce - et toutes les affaires qui décrédibilisent davantage encore Donald Trump - sont autant d'atouts pour Hillary Clinton. "Je n'ai jamais douté qu'elle gagnerait, glisse François Bujon de l’Estang, à part peut-être pendant la semaine où elle a été en difficulté après la très mauvaise communication sur sa pneumonie. Mais on ne peut jamais dire qu'une élection est pliée deux semaines avant. Il y a pourtant beaucoup de gens qui le pensent aux Etats-Unis. Il est probable que Donald Trump le pense sinon il ne dirait pas ce qu'il vient de dire sur le fait qu'il ne reconnaîtrait pas sa défaite."

Le spécialiste ajoute qu'il sera très difficile, à son avis, pour Donald Trump de réunir les 270 grand électeurs qui lui permettraient de devenir président. "Hillary Clinton aura gagné parce que Trump aura perdu sa campane", conclut-il.