Prudence sur le sort des otages français

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avec Didier François , modifié à
Enlevés au Niger, ils sont "tous en vie", dit une source malienne. La France reste très prudente.

Les sept otages dont cinq Français, enlevés le 16 septembre au Niger par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), "sont tous en vie", a affirmé dimanche à Bamako une source malienne. "J'ai vu les otages", a ajouté cet interlocuteur qui souhaite rester anonyme. Des déclarations que la France considère avec beaucoup de prudence.

Seul élément confirmé officiellement par l'Elysée : la localisation actuelle des otages. Ils "sont détenus entre les déserts malien et algérien, dans une zone communément appelée le Timétrine", a précisé la source malienne. Le Timétrine est une région montagneuse, désertique et très difficile d'accès, dans le nord-est du Mali, à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne. Al-Qaïda au Maghreb islamique utilise ce labyrinthe naturel comme cache où toute intervention en force s'avère très compliquée.

La collaboration s'accentue

Hervé Morin, le ministre français de la Défense invité samedi d'Europe 1, avait simplement déclaré qu'il avait "toute raison de penser" que les Français étaient "en vie", sans toutefois en avoir de preuve formelle.

En revanche, les pourparlers en vue de la libération des sept otages du Sahel, dont cinq Français, "ne sont pas engagés", bien que Paris se dit "prêt à discuter avec les ravisseurs", a confié dimanche l'Elysée.

La marge de manoeuvre est étroite

"Officieusement, on sent qu'Abou Zeid (l'un des chefs d'Aqmi, ndlr) a une volonté de frapper la France, de montrer qu’il veut venger ses combattants qui sont morts au Mali (en juillet dernier, ndlr). On sent bien qu’il y a une volonté de vengeance, mais pas seulement une question de rançon", a assuré lundi matin le spécialiste de l'Afrique, Antoine Glaser, sur Europe 1. "Il ne faut pas oublier que, pour la première fois d'une façon officielle, des forces spéciales françaises sont intervenues contre un camp d'Aqmi en juillet dernier. C'est une sorte de déclaration de guerre", a-t-il analysé.

Pour Antoine Glaser, la récente prise d'otages des cinq Français et deux Africains n'est pas "innocente". Selon lui, Aqmi n'a pas visé au hasard "la plus grande entreprise française de la filière nucléaire" au Sahel. Car "Areva, c’est vraiment le nucléaire civil et militaire. Areva tire 50% de son uranium du Niger et est depuis 50 ans dans ce pays. Il y a des enjeux néo-stratégiques sur le Niger, et à partir de ce moment-là, la France ne peut pas quitter le Niger".

Quant à la libération des otages, Antoine Glaser n'est pas optimiste. "La marge de manœuvre est extrêmement étroite", a-t-il expliqué avant d'ajouter : "Et c’est bien pour ça que l’Elysée ne cesse de répéter : on veut discuter".

L'intégralité de l'interview :

Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français, un Togolais et un Malgache, collaborateurs pour six d'entre eux des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), ont été enlevés à leur domicile à Arlit, dans le nord du Niger. L'enlèvement a été revendiqué par Aqmi qui a précisé qu'il ferait parvenir ultérieurement des "demandes légitimes" à la France.