Pourquoi l’Afrique du Sud se rebelle

Les mineurs veulent de meilleurs logements et des salaires plus hauts.
Les mineurs veulent de meilleurs logements et des salaires plus hauts. © REUTERS
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avec agences , modifié à
3’CHRONO - Europe1.fr revient sur les mouvements de grève des mineurs parti de Marikana.

L’Afrique du Sud fait face à un large mouvement de grèves, depuis le mois d’août, dans ses exploitations minières. Une vague de protestations qui a déjà fait plus de quarante morts et qui ébranle le modèle social sud-africain.

Le massacre de Marikana. Tout est parti de ce site, dans le nord du pays, où les employés se sont mis en grève en août, réclamant une hausse des salaires. Le 16 août, la police sud-africaine a ouvert le feu sur les grévistes, tuant 34 d’entre eux. Le pays et la communauté internationale sont alors sous le choc. Malgré la violence de la répression, la grève se poursuit. Au total, 46 personnes seront tuées dans les heurts liés aux grèves. Finalement, les mineurs obtiennent gain de cause et une forte augmentation de leur salaire est accordée.

Attention, les images des tirs peuvent choquer :

Le mouvement s'étend. Depuis la victoire des mineurs de Marikana, de nombreux autres sites se sont mis en grève, dans la région de Rustenburg, dans le nord-est du pays, mais aussi près de Johannesburg. Outre des mines de platine, des mines d’or, des mines de charbon, des mines de chrome et même le secteur routier, connaissent des mouvements de grève pour réclamer des augmentations de salaires.

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Les syndicats discrédités. Longtemps considérés comme le ciment de la société civile et garant de la paix sociale – malgré de très fortes inégalités - les syndicats commencent à perdre la confiance des travailleurs. La principale confédération syndicale, la Cosatu – à laquelle appartient le syndicat national des mineurs (NUM) - est accusée d’être trop proche du pouvoir et du président Jacob Zuma.

Le secteur-clef de l'économie sud-africaine. Le secteur minier sud-africain emploie environ 500.000 personnes et  représente directement près de 9% du PIB et 19% si l'on inclut les activités annexes. Il contribue pour moitié aux exportations du pays. La production de platine en Afrique du sud, par exemple, représente  80% de la production mondiale.

Conséquences directes : l'agitation dans les mines est vue comme une menace pour la croissance, l'emploi et l'investissement dans le pays. "En ce moment, nous avons un taux de 23 ou 24% de chômage en Afrique du Sud, nous ne pouvons pas nous permettre de faire des choses qui menacent d'augmenter les chiffres du chômage dans notre pays", a estimé le ministre des Finances Parvin Gordhan.

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Julius Malema, l’ancien chef des jeunes de l’ANC, exclu du parti au pouvoir.

Le pouvoir, lui-même, vacille. Derrière ce conflit minier, c’est en fait la présidence de l’Afrique du Sud qui se joue.  Le parti au pouvoir l’ANC doit choisir son nouveau dirigeant en décembre. Le vainqueur sera quasiment assuré de prendre le poste de chef de l’Etat à l’issue des élections de 2014. Le principal opposant au président en place est Julius Malema, l’ancien chef des jeunes de l’ANC, exclu du parti pour avoir semé des divisions internes et pour indiscipline.  Ce dernier a appelé tous les mineurs du pays à cesser le travail, accusant la Cosatu et la NUM de corruption. La Ligue des jeunes a souvent été un courant puissant au sein de l'ANC, lançant les carrières politiques de Nelson Mandela, Walter Sisulu et Olivier Tambo. Mais bien qu'il puisse être une épine dans le pied de Jacob Zuma, le mouvement aura cependant du mal à faire pencher la balance dans la bataille pour la direction du parti.