Ouragan Harvey : la reconstruction du Texas va coûter très cher aux États-Unis

De nombreuses routes sont devenues de véritables rivières à Houston.
De nombreuses routes sont devenues de véritables rivières à Houston. © THOMAS B. SHEA / AFP
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Mathilde Belin , modifié à
Alors que l’ouragan Harvey a ravagé le Texas, et notamment Houston, le coût de la reconstruction pourrait atteindre plus de 100 milliards de dollars.

Harvey fera-t-il pire que Katrina ? Le président américain a affirmé lundi qu’"il n’y a jamais rien eu de tel" avant l’ouragan Harvey et que la reconstruction s’annonce "longue et difficile". L’ouragan qui a ravagé le Texas depuis jeudi dernier promet en effet d’être coûteux tant les dégâts matériels sont nombreux, notamment à Houston, métropole au cœur de la catastrophe. Sans compter les conséquences à moyen terme de la mise à l’arrêt de l’économie locale et notamment pétrolière.

Des quartiers ravagés à reconstruire

Des maisons inondées, des voitures à la dérive : les habitants des zones sinistrées à Houston ont tout perdu dans les inondations causées par Harvey. Et la police de la ville reste par ailleurs sur ses gardes, tant elle craint des pillages et des cambriolages dans les habitations délaissées. Les infrastructures électriques ou encore les transports publics et les routes ont été également largement endommagés. D’après le site américain Slate, des dizaines de milliers de structures ont ainsi été touchées par les eaux, et Houston devra faire l’objet d’un important nettoyage, de démolitions et de reconstructions de bâtiments.

S’il est encore trop tôt pour avoir un chiffre précis, les dégâts matériels vont se chiffrer en dizaines de milliards de dollars. Des analystes de l’agence Bloomberg ont estimé mardi qu’ils pourraient s’élever entre 42 et 100 milliards de dollars (entre 35 ey 83 milliards d'euros). Une élue démocrate de la circonscription de Houston a même parlé de 150 milliards de dollars (125 milliards d'euros), en prenant en compte tout le sud du Texas.

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Des quartiers entiers de Houston sont submergés par les eaux de Harvey. ©MARK RALSTON / AFP

En comparaison, la Nouvelle-Orléans (Louisiane), inondée à 80% par l’ouragan Katrina en 2005, a mis plus d’une décennie à se reconstruire, et la réhabilitation de la ville et de ses habitants sinistrés n’est pas encore totalement achevée. En 2015, seules 13.000 propriétés des 44.000 terrains résidentiels dégradés de la ville avaient été réhabilitées, réparées ou démolies à la faveur d’un ambitieux programme lancé par ville, d’après les chiffres de la mairie citée par le site Ulyces. Au total, Katrina a coûté 150 milliards de dollars en dégâts matériels.

L’économie locale à l’arrêt

Au-delà du seul impact immédiat sur les infrastructures urbaines qu’il faudra reconstruire, les catastrophes naturelles telles que Harvey ou Katrina mettent à l’arrêt des pans entiers de l’économie locale. L’ouragan Harvey a forcé à la fermeture des commerces, aéroports et ports, mais aussi inondé des terres agricoles du Texas. Surtout, l’économie texane repose sur le raffinage et la production de pétrole. Près de 100 plates-formes de production pétrolière sur 737 ont dû être évacuées à l’approche de l’ouragan dans le Golfe du Mexique, et près de 19% de la production de pétrole a été mise à l’arrêt dans le Golfe.

Même si les stocks de produits pétroliers aux États-Unis sont à un niveau record, il pourrait y avoir des pénuries d’essence à court terme, selon des experts du secteur. La réouverture de certaines raffineries à terre est qui plus est compromise par les inondations, dont le pic est attendu mercredi ou jeudi. Et le redémarrage de leurs activités s’annonce retardé si des travaux de maintenance et d’inspection doivent être réalisés.

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Katrina avait laissé derrière elle un paysage désolant à la Nouvelle-Orléans. ©VINCENT LAFORET / POOL / AFP

Le passage du cyclone Katrina avait lui aussi paralysé les puits et plates-formes pétrolières du Golfe du Mexique en 2005, aggravant les tensions sur les marchés, rappellent Les Échos. Plus de 710 plates-formes avaient alors fermé dans le Golfe du Mexique. Quelque 41% des entreprises de la métropole de la Nouvelle-Orléans s’étaient trouvées en zone submergée. Cette interruption d’activité a représenté une centaine de millions de dollars de manque à gagner par jour. Le secteur du tourisme en Louisiane et la fructueuse activité des casinos ont été aussi durement frappés. Les pertes économiques indirectes liées à Katrina ont ainsi été estimées à 50 milliards de dollars, mais le bilan chiffré exact ne pourra être constaté que dans plusieurs décennies. 

Les dégâts matériels causés dans nombres de secteurs de l’économie texane par Harvey pourraient par ailleurs mettre des dizaines de milliers de personnes au chômage technique, souligne le Wall Street Journal. En revanche, si l’activité économique dans la région va enregistrer une forte baisse, celle du bâtiment promet de connaître un vrai boom tant la reconstruction va demander de la main d’œuvre.