A Kaboul, les talibans font régner la terreur chez leurs opposants. 1:43
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Margaux Benn, édité par Antoine Terrel
Alors que le départ des Américains a laissé le champ libre aux talibans, à Kaboul, les Afghans refusant de se soumettre aux nouveaux maîtres du pays vivent désormais dans la peur. Menacés et parfois violentés, ils sont souvent obligés de se cacher, tandis que certains cherchent encore un moyen de quitter le pays. 
REPORTAGE

En Afghanistan, le retrait américain a laissé le champ libre aux talibans, qui font désormais régner la terreur chez leurs opposants. Ces derniers sont devenus des cibles privilégiées, entre ceux restés sur le tarmac de l'aéroport de Kaboul et désormais soupçonnés de collaboration avec les Américains et leurs alliés, et ceux qui se sont émancipés et refusent désormais de rentrer dans le rang. Sur place, leur quotidien rime avec agressions, menaces et intimidations, les obligeant souvent à se cacher. 

Des menaces par téléphone

Il y a encore deux semaines, Nargis était ainsi une jeune femme épanouie, organisant colloques et réunions avec un groupe d'activistes féministes. Mais dès le jour où les talibans se sont emparés de Kaboul, elle a commencé à recevoir des flots de menaces sur son téléphone, l'accusant de débauche. "On t'a vu à la télévision, on t'a vu affichant des photos de toi, tu as pris ces photos avec cette chanteuse débauchée, Aryana Sayeed (une artiste menacée de mort par les talibans et qui a quitté le pays). Ton père et ton frère t'ont permis de faire ça ? On t'a a l'œil", la préviennent ainsi des talibans. 

Et il y a près d'une semaine, les talibans sont venus fouiller sa maison. "Quand ils sont entrés chez nous, ça a été horrible pour moi", raconte Nargis, qui va prendre la décision de se cacher. "Le soir même, j'ai quitté la maison de mes parents. L'une de mes amies tient un magasin, il était vide, et j'y suis restée trois jours et trois nuits. Dans ce petit local désaffecté, j'avais juste un matelas."

"Les talibans sont inhumains" 

"Vivre dans son pays, c'est la chose la plus importante pour n'importe qui", assure encore aujourd'hui la jeune femme. "J'aime mon pays, mais les talibans sont inhumains. Nos vies, notre avenir, ça ne compte pas pour eux. On ne vaut rien pour eux." Depuis, Nargis a entendu parler d'un avion privé qui pourrait décoller sous peu du nord du pays pour évacuer des Afghans vers un pays inconnu. Dissimulée sous une burqa, elle est montée dans un bus, la peur au ventre. Depuis, elle loge chez des amis d'amis, espérant que l'avion providentiel l'amènera bientôt loin de là.