Népal : "on revoit les images dans la tête"

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Jean-Sébastien Soldaïni, envoyé spécial d'Europe 1 au Népal, Matthieu Bock et , modifié à
TÉMOIGNAGES - Des rescapés français du séisme, rapatriés en France, évoquent le choc ressenti, mais aussi leur culpabilité de laisser les Népalais derrière eux.

Avant d’embarquer, certains étaient prostrés, encore en larmes, dans une salle de l’aéroport de Katmandou. Plus de 200 rescapés, en majorité des Français, sont arrivés jeudi sur le sol français, cinq jours après le séisme qui a fait quelque 5.500 morts au Népal. Les survivants sont très marqués par ces moments passés en voyant parfois le sol se dérober sous leurs pieds.

"Le pire est à venir". "Depuis cinq jours, nous sommes en mode survie", confiait ainsi Ricardo à Europe 1 avant son retour en France. Cela consiste "à manger, à boire, à être propre, à ne pas tomber malade et à être rapatriés, car on ne sait pas ce qui peut se passer". "Il y a des épidémies qui peuvent démarrer, à tout moment il y a des émeutes qui démarrent", décrivait-il alors, assurant : "à mon sens, le pire est à venir". 

Aurélie, elle, explique : "on revoit les images dans la tête, on est stressés, on ressent tout le temps des tremblements alors qu’il n’y en a pas forcément". Encore sous le choc, Dominique affirme qu’elle a eu "très peur". Elle raconte aussi à quel point cela a fait "chaud au cœur" quand elle a pu rebrancher son portable et recevoir "tous les messages de soutien des amis et de la famille en France".

Situation au Népal cinq jours après

© A. LEUNG, js/gal/pld / AFP

"On ne pouvait rien faire de plus". Les rescapés français décrivent aussi leur sentiment de culpabilité en laissant les Népalais qui les ont aidés. A la descente de l’avion, à l’aéroport de Roissy, Camille, qui "pense forcément aux gens qui sont là-bas", affirme qu’il ne pouvait pas faire autrement. "On a demandé si on pouvait aider de quelque façon que ce soit. Visiblement c’était compliqué, parce qu’on n’a pas d’expérience en tant que sauveteurs, je pense qu’on les aurait plus dérangés qu’autre chose", assure-t-il. 

Rester au Népal "sans rien faire", c’était donc "manger la nourriture dont ils ont besoin, boire leur eau". Même son de cloche chez Pauline, pour qui rester sur place, c’était devenir "une bouche à nourrir en plus" : "on ne pouvait rien faire de plus et c’est bien dommage". 

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